Les citoyens font leur Grenelle alternatif
Environ 400 militants associatifs et syndicaux se sont retrouvés dimanche 21 octobre pour travailler sur les questions environnementales. En marge et au-delà du Grenelle officiel.
dans l’hebdo N° 973 Acheter ce numéro
À la suite de plusieurs manifestations critiques ou d’opposition au Grenelle de l’environnement engagées depuis un mois Alter-Grenelle écolo de Marseille (29 septembre), Contre Grenelle de Lyon (6 octobre), campagne « GREENnelle ou Grrr…enelle ? » d’Agir pour l’environnement, etc. Et le Réseau sortir du nucléaire appelle à manifester samedi 27 octobre, à 15 h, place de Fontenoy, à Paris.[^2], une quarantaine d’associations et de syndicats appelaient à participer, dimanche 21 octobre à la Bourse du travail de Saint-Denis, à un « Grenelle de l’environnement alternatif et citoyen ». Ambiance studieuse autour de quatre conférences thématiques et un débat.
Et d’abord pour décrypter les véritables enjeux de la crise écologique, pour de nombreux participants pas dupes du grand débat citoyen promis par le gouvernement autour de son Grenelle. Des intervenants remettent en question l’efficacité supposée des agrocarburants pour diminuer l’effet de serre ; d’autres insistent sur le blocage des pouvoirs publics concernant les niveaux d’exposition maximums aux substances chimiques « préoccupantes », alors que les voyants sanitaires et médicaux sont au rouge. Le Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde (CADTM) n’oublie pas de rappeler la nécessité de prendre en considération les impacts catastrophiques sur l’environnement que peuvent avoir les choix énergétiques des pays du Nord, comme l’extraction d’uranium en Afrique pour répondre aux besoins du nucléaire.
La présence d’associations participant au Grenelle de l’environnement, comme les Amis de la terre ou Greenpeace, ne provoque pas de dissensions. Au contraire, leurs analyses sur les limites et les contradictions de l’initiative gouvernementale sont appréciées. Les carences du débat officiel, supposé démocratique, sont relevées par la plupart des intervenants : travail précipité, participants sélectionnés en fonction des desiderata du gouvernement, comptes rendus de réunions ne faisant état que des consensus généraux. « Les règles du jeu sont imposées à l’avance » , s’élève la représentante de la FSU. Il est tout aussi clair pour les participants que les mesures arrêtées n’entraîneront pas de « rupture » face à la course à la croissance. Quel impact, par exemple, d’une proposition aussi limitée que l’indication sur certains produits de consommation de leur « coût en carbone», qui déporte de surcroît sur le consommateur la responsabilité de la réduction des émissions de CO2 ?
La nécessité d’agir collectivement et de « déterminer ce qui fait socle commun » a été rappelée. Le lien entre crise sociale et crise environnementale fait notamment consensus, comme le besoin urgent de dégager des perspectives, quand tout le monde estime que les décisions du Grenelle seront très limitées, et qu’il s’agira, après cette période d’effervescence médiatique, d’éviter « l’enterrement des luttes écologiques » , par exemple « pour nous faire passer la pilule du nucléaire » , redoute le Réseau sortir du nucléaire.
[^2]: