Les fanas au Sénat
dans l’hebdo N° 971 Acheter ce numéro
Un étrange colloque s’est déroulé le 10 octobre au Sénat, sous l’égide des sénateurs Pierre Laffitte (RDSE, Alpes-Maritimes) et Claude Saunier (socialiste pro-nucléaire) avec le soutien du professeur Georges Charpak, chantre des réacteurs d’EDF. Le colloque a curieusement été présenté comme « pré-Grenelle » de l’environnement, avec le soutien de l’Académie des sciences, pépinière de « nucléairophiles ».
L’examen des associations organisant cette journée et le contenu des interventions sont révélateurs des nouvelles collusions visant à pousser en avant le nucléaire et à torpiller les énergies renouvelables. Se sont exprimées quelques-unes des associations les plus réactionnaires : la Société pour la protection du paysage et de l’esthétique, fondée en 1901 ; Vieilles Maisons de France ; le Comité des parcs et jardins de France ; la Ligue urbaine et rurale et l’ineffable Demeures historiques.
Ces associations ont été sollicitées et aidées par des groupes comme la Société française de l’énergie nucléaire et l’association des Écologistes pour le nucléaire, créée en 1996 avec l’argent de Framatome. Sans oublier Écologie radicale, dont le parrain n’est autre que Jean-Louis Borloo, ce groupuscule étant un appendice du Parti radical, qu’il copréside.
Parmi les orateurs, on a entendu un certain Bertrand Barré, auteur du livre (donné, pas vendu) Tout sur l’énergie nucléaire , publié par Areva. Les débats étaient animés par Emmanuel Grenier, fanatique du nucléaire, qui fut candidat à la dernière élection européenne sur la liste de Jacques Cheminade, pseudo-gauchiste du Parti ouvrier européen, représentant en France de la secte politique de l’Américain Lyndon Larouche, qui marie la religion de la science et l’antisémitisme. Parmi les invités, on trouvait le Mouvement national de lutte pour l’environnement, minuscule association liée à ce qui reste de pur et dur au Parti communiste.
En lisant les recommandations votées par ce colloque, on découvre une glorification du nucléaire mais aussi une résolution réclamant la suppression de « l’obligation d’achat de l’électricité éolienne et photovoltaïque » . Les adversaires déclarés des éoliennes (près de leurs châteaux) se sont alliés avec les pronucléaires pour annoncer (en usurpant le terme « Grenelle ») la condamnation de l’énergie éolienne et solaire au nom de la protection des paysages. Puisqu’il est bien connu que les éoliennes et les panneaux solaires sont nettement plus laids que les pylônes des lignes à haute tension…