Annapolis, pour quoi faire ?
dans l’hebdo N° 977 Acheter ce numéro
La « conférence de paix » prévue pour fin novembre à Annapolis (Maryland), parrainée par George Bush, risque surtout de servir la communication d’un président américain en fin de mandat et en quête d’une image moins anti-arabe. Sur le fond, il y a peu de chances que les positions se rapprochent. Cela en dépit des nouveaux reculs de Mahmoud Abbas, qui ne se réfère plus aux frontières de 1967 mais aux positions des forces israéliennes « d’avant le 28 septembre 2000 » (c’est-à-dire avant la deuxième Intifada). Pour sa part, Ehud Olmert continue de mettre en garde ses interlocuteurs contre « toute attente excessive » . Certes, Olmert s’est engagé lundi à ne pas construire de nouvelles colonies en Cisjordanie, mais on sait le sens que les dirigeants israéliens donnent depuis toujours à cette formulation : pas de « nouvelles » colonies, mais « extension naturelle » des colonies déjà existantes. Ce qui, pour les Palestiniens expropriés, revient à peu près au même. Mahmoud Abbas demande, lui, que la colonisation « cesse à 100 % » . Mais la question, évidemment centrale, du démantèlement des colonies n’est pas explicitement abordée. Ellele serait, au moins implicitement, si les Israéliens acceptaient que l’initiative de paix arabe de 2003 et les résolutions des Nations unies servent de références communes. Elle le serait, plus explicitement, si la réunion d’Annapolis traçait les frontières d’un futur État, comme le souhaitent les Palestiniens. Mais les Israéliens ne veulent pas d’un tel document. Ils ne veulent pas non plus d’un calendrier contraignant, ni d’une date butoir pour parvenir à la création d’un État. Dans ces conditions, et en dépit de l’annonce de la libération prochaine de 450 prisonniers palestiniens, Annapolis risque d’apparaître comme un nouveau marché de dupes pour l’Autorité palestinienne.