Après les divisions, l’action…
Une journée de débats du club « Maintenant à gauche » a permis de faire le point sur le projet de force commune antilibérale. La bataille contre le nouveau traité européen pourrait être un de ses premiers axes.
dans l’hebdo N° 978 Acheter ce numéro
Quelle « nouvelle force politique pour porter le projet d’une gauche de transformation sociale » ? La question était au coeur de la journée de débat organisée le 24 novembre par le club « Maintenant à gauche » <www.maintenantagauche.org> au Caveau de la République à Paris. Sur ce sujet, le club, qui s’est précisément donné pour objectif d’ « agir en faveur du rassemblement des forces antilibérales à gauche, dans la perspective d’une nouvelle force politique » , a réussi à attirer des militants syndicalistes et associatifs ainsi que des hommes et des femmes issus de toutes les organisations politiques de gauche.
La question n’en reste pas moins épineuse tant la possibilité d’un rassemblement est devenue plus que ténue après l’échec, né des divisions boutiquières des partis, d’une candidature unitaire antilibérale à la présidentielle et la défaite de la gauche dans son ensemble lors de cette même élection.
Un bon point pour le club : les organisateurs sont parvenus à remplir la salle, et les intervenants, invités en surnombre par peur des désistements, étaient tous présents. L’ « offensive libérale » de Nicolas Sarkozy, « les mouvements sociaux de ces dernières semaines » et « le social-libéralisme du PS » , selon le constat de tous les participants, sont peut-être les raisons de « l’urgence à enclencher le processus d’une nouvelle force politique » , soulignée par Marc Dolez et ressentie par l’ensemble des acteurs et des sympathisants de gauche présents. Les interventions des politiques, en fin de journée, n’ont d’ailleurs pas manqué de lyrisme pour tenter de faire renaître l’enthousiasme de l’union et d’en appeler à l’organisation d’états généraux de toutes les forces de transformation sociale en 2008, en plaçant le « projet alternatif » au coeur des débats.
Cependant, comme l’a expliqué Pierre Khalfa, militant de SUD et altermondialiste : « Toutes les conditions du rassemblement étaient réunies après la victoire du 29 mai 2005 et du « non » au projet de traité constitutionnel européen. Mais l’affaire a été sabotée pour des raisons de sectarisme politique. Nous sommes toujours dans cette situation, et je ne vois pas comment la dépasser. Peut-être faudra-t-il beaucoup de temps pour reconstruire une nouvelle gauche. Voire attendre de nouvelles générations. » Une remarque non dénuée de fondement au vu de la moyenne d’âge de l’assistance et des intervenants. Toutefois, le pessimisme de l’intervention est-il justifié ?
Malgré la bonne volonté des participants et des discours plus optimistes, les germes de la division sont encore saillants. Pour le représentant de la LCR, Yvan Lemaitre, « la nouvelle force doit être clairement en rupture. Il ne doit pas y avoir d’ambiguïté. Nous ne sommes pas pour un accord avec ceux qui légitiment les réformes de Sarkozy » . L’attaque est clairement dirigée contre le PS, dont tous les participants dénoncent « la politique d’accompagnement du libéralisme » . Mais, par son insistance, elle rappelle la raison mise opportunément en avant par le parti d’Olivier Besançenot pour se retirer du processus de désignation d’un candidat unique à la présidentielle. Forte de son résultat à l’élection, la LCR prétend d’ailleurs incarner cette nouvelle force de rassemblement antilibéral. La réponse de Jacques Généreux, du Parti socialiste, est claire elle aussi : « Le nouveau parti ne doit pas être un parti à la gauche de la gauche mais un rassemblement. »
Finalement, la surprise est venue de Marie-Pierre Vieu, pourtant proche de Robert Hue et membre d’un PCF qui avait tenté de récupérer pour son compte la démarche des collectifs unitaires : « En tant que militants communistes, nous sommes attachés à la structure du PC. Mais cette forme n’est peut-être qu’historique, et l’idée du communisme peut survivre sous une autre forme. »
Cependant cette nouvelle forme n’apparaîtra pas par génération spontanée mais « au bout d’un processus » , explique Jean-Luc Mélenchon, qui revendique un « optimisme de l’action » . « Aucune étape ne doit être méprisée. Assez parlé, il faut agir » , exhorte-t-il, en rappelant que la bataille contre le nouveau traité européen est justement « une des occasions » de cette construction en commun.