Étudiants devant, syndicats derrière
dans l’hebdo N° 976 Acheter ce numéro
La mobilisation des étudiants contre la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) s’amplifie. Réunie à Rennes les 10 et 11 novembre, la coordination nationale, représentant les assemblées générales (AG) des universités, a annoncé que, sur les 25 universités en grève, 15 d’entre elles étaient bloquées. Les étudiants appellent à une radicalisation du mouvement avec formation de piquets de grève et blocage des universités et des gares. La coordination, qui « ne reconnaît pas et condamne toute négociation de syndicat », exprime une rancoeur déjà ressentie en 2006, et accentuée en juillet dernier. « Seuls les syndicats représentatifs que sont l’Unef, l’UNI, la Fage, la Confédération étudiante et la Promotion et défense des étudiants étaient présents à la table des négociations », explique un membre de la Fage. Les mobilisations actuelles prouvent que ces syndicats peinent à refléter l’ensemble des aspirations étudiantes.
La plupart des médias continuent pourtant d’accorder une place prédominante aux syndicats. Le Collectif étudiant contre l’autonomie des universités (Cecau), composé de la FSE, de SUD étudiant, de JC, de l’UEC et de la JCR, serait à l’origine de la mobilisation du 8 novembre. Or, si le Cecau a bien appelé à la grève, il l’a fait en précisant soutenir « l’auto-organisation » des étudiants et relayer les revendications de la coordination. Gêné aux entournures, le président de l’Unef, Bruno Julliard, a réussi le tour de force d’appeler la veille de la manifestation du 8 novembre « à amplifier le mouvement » sans demander l’abrogation de la loi. En outre, il rejette tout rapprochement avec les mouvements de salariés. Or, comme lors de la mobilisation contre la loi sur l’égalité des chances en 2006, les revendications ne sont pas uniquement étudiantes. Les AG ont voté contre la réforme de la protection sociale, contre les « lois anti-immigrés » et contre la réforme des régimes spéciaux. À Rennes, les étudiants ont appelé à « une convergence des luttes de tous les secteurs attaqués […] par le rouleau compresseur du gouvernement ».