Hors cadre
Fred Trémège impose un ton neuf dans le cadre banalisé et formaté télé du café-théâtre.
dans l’hebdo N° 978 Acheter ce numéro
Dans le milieu du one man show, plus attristant que dispensateur de vraie gaîté, Fred Trémège fait figure d’oiseau rare. Ce jeune homme sans manières veste, polo et décontraction sur une scène où il ne dispose que d’une chaise et d’un fouet fustige finement notre époque sans tomber dans la démagogie régnante. Les capitalistes, les chasseurs, les Américains et Bush junior sont quelques-unes de ses cibles. Puisque nous avons un patrimoine génétique commun avec les singes, qui a pris la plus grande part des gênes du primate ? se demande-t-il. On ne vous donnera pas la réponse, mais elle se situe de l’autre côté de l’Atlantique. Le récital, Enfin visible ! , est beaucoup plus savant qu’il ne le paraît ; une des scènes n’est-elle pas inspirée d’un récit de Dino Buzzati ?
Trémège vient de Toulouse et comptait ne mener qu’une vie d’acteur, à moins de s’adonner uniquement à la musique. Mais, une fois à Paris, découvrant que ses camarades l’avaient tous lâché dans sa marche vers la capitale, il tente l’aventure du théâtre en solitaire. Il se souvient de Coluche et de Desproges, qu’il regardait quand il était très jeune. Il écrit ses premiers sketches, et le Point-Virgule lui ouvre sa porte.
« C’est vrai que c’est de plus en plus difficile , confie-t-il. Le milieu raisonne de plus en plus en termes économiques. Mais je pense que j’arrive à rester libre. Les trois mètres sur trois du Point-Virgule me donnent ma liberté ! Le café-théâtre est devenu l’antichambre de la télé. Plein de gens sans formation sont prêts à jouer pour devenir célèbres du jour au lendemain ! Je travaille différemment. Je peux m’exprimer dans un créneau d’une heure. Mais je sens que la forme n’est pas assez originale. Je voudrais, plus tard, aller plus loin, faire quelque chose d’un peu plus long et de plus fluide. Parfois, je sens que certains spectateurs rient jaune. Tant pis. Plus ça va, moins j’écris dans le style standard du café-théâtre. » Sa douce férocité pourrait le mener loin !