« La position française est la bienvenue ! »
Selim Hoss, cinq fois Premier ministre
depuis 1976,
est une figure respectée
au-delà de la communauté sunnite, a
qui est la sienne. L’analyse
de l’un
des rares « sages »
de la vie politique libanaise…
dans l’hebdo N° 977 Acheter ce numéro
Êtes-vous optimiste sur la suite du processus présidentiel ?
Selim Hoss : Au Liban, être optimiste n’est jamais raisonnable…
Comment jugez-vous l’intervention de la France ?
Nous espérons que l’arbitrage de puissances extérieures, principalement de la France, va nous permettre de trouver un accord. La France seule n’y parviendrait pas. Mais j’ai le sentiment que, à l’issue de la rencontre Bush-Sarkozy à Washington, la France a obtenu une sorte de procuration des États-Unis pour intervenir. La position française est la bienvenue. Nous avons besoin d’aide extérieure. Nous n’y arriverons pas par nous-mêmes.</>
Mais ce personnage que vous cherchez, qui serait accepté à la fois par la majorité et par l’opposition, existe-t-il ?
Il existe des gens respectables. Il faut être à équidistance des deux camps. Je ne veux pas citer de noms, mais ils existent.
Le général Aoun ?
Il est la principale force dans le camp chrétien. Mais il n’est pas considéré par le « 14 Mars » comme étant à équidistance. Il ne peut pas être un candidat de consensus parce qu’il s’est clairement positionné dans l’opposition.
Craignez-vous une guerre américaine en Iran ?
On ne peut rien exclure, mais je n’y crois pas. Cela pour plusieurs raisons. Les États-Unis sont englués en Irak. Ils le sont aussi en Afghanistan. Et ils sont à présent aux prises avec une crise au Pakistan. La deuxième raison, c’est que l’Iran a des capacités de représailles, notamment en bloquant le Golfe, c’est-à-dire la route du pétrole. La troisième raison, c’est qu’Israël n’y a pas intérêt. Il serait une cible pour des représailles.
Croyez-vous qu’il puisse sortir quelque chose de positif de la prochaine réunion d’Annapolis sur le conflit israélo-palestinien ?
Non. On ne sait rien sur le règlement des questions de fond. Israël a besoin d’une normalisation de ses relations avec les pays arabes et notamment l’Arabie saoudite. Je crains que le principal objet de cette réunion soit la photo montrant la poignée de main entre responsables israéliens et saoudiens. Mais sans la paix avec les Palestiniens.
Sur un plan plus général des relations diplomatiques, êtes-vous inquiet de l’alignement de la France sur les États-Unis ?
Je n’en serai pas inquiet si la France a une intervention positive au Liban… (rires).
C’est une réponse très diplomatique…