Le conquérant
Josh Ritter livre des chansons sensibles et bien écrites, dans la veine de Bob Dylan.
dans l’hebdo N° 974 Acheter ce numéro
Josh Ritter est l’un des songwriters américains qui montent. En reprenant l’esprit du titre de son nouvel album, on peut même dire qu’il a réussi à conquérir une réputation aussi flatteuse que justifiée. The Historical Conquest of est son cinquième disque, qu’il dit avoir enregistré en ayant en tête et en ligne de mire le premier album solo de Paul McCartney, lequel avait à ce moment-là besoin de (se) prouver qu’il y avait une vie après les Beatles. Ce n’est pas le cas de Ritter, qui doit tout juste confirmer qu’il est vraiment quelqu’un sur qui on peut compter si on aime les chansons sensibles et bien écrites.
McCartney ou pas, c’est plutôt Dylan qu’on entend dans le morceau d’ouverture, « To The Dogs or Whoever ». Guitare métallique, piano bastringue, orgue suintant et batterie minimale, débit de paroles précipité et hachis d’images en kaléidoscope qui voient défiler Calamity Jane, Jeanne d’Arc, le Christ et quelques autres figures historiques. La remarque vaut aussi pour « Next to The Last True Romantic », un peu plus loin, et on a d’ailleurs, à plusieurs reprises, l’impression qu’il a appris à chanter en écoutant les disques du fugueur de Duluth. Quand à la guitare qui cingle l’introduction du morceau suivant, elle rappelle rien de moins que celle du « London Calling » des Clash, mais s’en tient au clin d’oeil.
Les compositions pop viendront plus tard. Elles doivent sûrement beaucoup à une nouvelle approche de l’écriture due à l’utilisation de ce piano que des amis lui ont donné, alors que la guitare a toujours été son instrument de prédilection. Elles tiennent également à un sens des arrangements et des orchestrations qui affichent des rêves de grandeur sans s’alourdir les ailes.
Dans leurs moments les plus sombres, elles évoquent aussi celles de Nilsson, le copain alcoolique des années new-yorkaises de Lennon. Elles prennent alors cette touche tragique qui les rend inoubliables.