Le PCF riposte seul
Le parti de Marie-George Buffet, en froid avec le PS, manifestait, samedi à Paris, contre la politique de Sarkozy, mais aussi contre « la gauche de renoncement ».
dans l’hebdo N° 974 Acheter ce numéro
Le ton monte entre communistes et socialistes sur fond de divergence sur le traité européen. Lundi, la secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet, a convoqué une conférence de presse pour protester contre le PS, qui, dans plusieurs villes, notamment en Seine-Maritime et en Seine-Saint-Denis, veut imposer des primaires et refuse de soutenir le maire sortant PCF aux municipales de mars.
Elle reproche notamment au PS de vouloir présenter un candidat à Dieppe, alors que le candidat de son parti a, selon elle, toutes les chances de ravir la municipalité à la droite, les communistes ayant obtenu aux législatives 30,5 % et le PS 18,6 %. Estimant que la situation frise « l’absurde » dans des villes comme Villepinte ou Pierrefitte, où « on se dirige vers des primaires » , elle a en particulier critiqué les visées du socialiste Claude Bartolone, qui veut prendre Bagnolet au PCF, pour pouvoir ravir ensuite la présidence du conseil général de Seine-Saint-Denis aux communistes.
Autre pomme de discorde : Montreuil. Alors que le PS pourrait soutenir la sénatrice Verte Dominique Voynet, qui envisage de s’y présenter, Mme Buffet a affirmé qu’elle allait « soutenir » personnellement la liste présentée par son « ami » Jean-Pierre Brard (apparenté PCF), qu’elle défend contre la conseillère de Paris Clémentine Autain, qui avait manifesté le désir de figurer sur sa liste, mais « sans discuter » avec lui. Enfin, elle reproche à Bertrand Delanoë de vouloir réduire à six la représentation du PCF au conseil de Paris, contre onze actuellement.
Ces querelles électorales grippent le comité de liaison de la gauche, que François Hollande souhaite mettre en place avec toutes les composantes de la gauche représentées au Parlement. Surtout après l’échec du « comité Riposte », regroupant une dizaine d’organisations de gauche, que le PCF avait tenté de raviver à la fête de l’Huma . Sans cacher son amertume, le PCF organisait une manifestation et un rassemblement samedi, à Paris, en « riposte » à la politique de Nicolas Sarkozy et pour ouvrir « une perspective politique » aux mouvements sociaux en cours.
Partis de la République en début d’après-midi, près de 5 000 manifestants, brandissant des drapeaux rouges, et affichant souvent la faucille et le marteau, ont participé au meeting organisé symboliquement devant le métro Jean-Jaurès. Dans un bref discours, Marie-George Buffet a affirmé la volonté des communistes d’être « de toutes les ripostes à la droite » avec « une multitude d’initiatives » , accusant le reste de la gauche et le PS de « renoncement » .
« Rien ne bouge à gauche, si ce n’est les règlements de compte, les discours sur la méthode ou, pire, le bout de chemin avec la droite » , attaque la numéro un communiste. Le ton est plus vif encore quand Mme Buffet se dit « très inquiète » de voir le PS « laisser passer le traité » européen. La foule siffle. « Je n’ai pas envie de m’y résigner, nous sommes une multitude à ne pas vouloir nous taire » , affirme-t-elle sous les applaudissements. Avant de promettre que le PCF ne laissera « pas la France normalisée par la pensée unique » mais portera « une visée communiste du XXIe siècle » .