Relancer les collectifs
Après l’échec de la candidature unitaire, les collectifs antilibéraux doutent. Les assises nationales de décembre seront l’occasion de définir une nouvelle stratégie.
dans l’hebdo N° 977 Acheter ce numéro
Les collectifs unitaires antilibéraux respirent-ils encore ? Leurs assises nationales, qui auront lieu les 1er et 2 décembre à Paris, seront-elles l’électrochoc qui permettra de relancer la machine du rassemblement ? « En obtenant moins de voix qu’en 2002, la gauche antilibérale dans son ensemble a subi une lourde défaite à la présidentielle de 2007 » , explique Rémy Jean, de la coordination des Bouches-du-Rhône. Une défaite qui s’explique par la division et la multiplicité des candidatures à la gauche de la gauche. Une défaite qui rejaillit donc plus particulièrement sur les collectifs unitaires antilibéraux, qui avaient su faire naître l’espoir de l’unité lors du combat référendaire contre le projet de traité constitutionnel, et dont l’objectif était justement de rassembler les forces antilibérales autour d’une candidature unique pour l’élection de 2007. L’objectif est manqué, et la conséquence est logique : « Au niveau local, la situation est différente selon les régions et les collectifs : certains sont désertés, d’autres très actifs. Mais d’un point de vue général, l’enthousiasme a fortement décliné. On a du mal à trouver un second souffle » , estime Rémy Jean. Mais les mouvements sociaux de cet automne permettent de raviver la flamme. « Les collectifs se relancent au même rythme que la mobilisation sociale. Ça reprend mais avec beaucoup moins de monde. »
Conférence de presse de membres des collectifs antilibéraux le 22 décembre 2006, à Paris. FEDOUACH/AFP
Pire : « Nous sommes encore dans la dynamique de la division », analyse-t-il. Ce poison a déjà fait son effet, mais l’échec électoral le fortifie. Comment, dès lors, se mettre d’accord pour relancer l’action des collectifs ? « Avec le nouveau traité européen et la question du référendum, on pourrait reconstituer un arc de forces. Mais certains sont réticents, car, pour eux, aucune nouvelle défaite ne permettra de relancer l’activité » , explique Pierre Cours-Salies, du collectif de Seine-Saint-Denis. De même avec les futures élections municipales : « Nous avons des fluctuations selon les situations locales. Dans certains endroits, les collectifs veulent s’occuper des municipales ; mais dans d’autres, pas du tout. La question est alors de se demander si une construction au niveau national donnerait plus de force et de cohésion au niveau local. »
C’est la question qui animera les assises. Elles seront, soutient la coordination nationale des collectifs, qui s’est réunie les 27 et 28 octobre à Saint-Ouen, « une étape importante dans la voie de la relance des collectifs et de leur affirmation comme acteur irremplaçable du rassemblement à venir » . Mais, pour que « les » collectifs deviennent « un » acteur, « il faudra tirer le bilan de la période précédente » , estime Pierre Cours-Salies. « La stratégie du rassemblement, qui consistait au niveau national à passer par un cartel politique et des personnalités issues de ces partis, a été une machine à empêcher le débat et à diviser. Il faut au contraire une structure qui recherche le consensus en permanence » , poursuit-il.
Mais si celle-ci ne doit plus passer par des organisations politiques comme la LCR et le PCF, qui ont joué la surenchère partisane, les collectifs ne risquent-ils pas alors eux-mêmes de s’organiser comme un parti politique de plus et rajouter à la confusion ? « Il ne s’agit pas de devenir un nouveau parti, mais un mouvement de citoyens. Chacun peut d’ailleurs appartenir à une autre organisation politique. Il faut constituer un creuset qui doit préfigurer, sans l’être, le rassemblement de la gauche antilibérale et faire avancer la proposition des états généraux » , explique Rémy Jean. Dans cette optique, la coordination nationale a travaillé sur le projet d’un texte politique et sur une charte de fonctionnement (^2). « Il faut s’appuyer sur une double structure : les collectifs locaux, qui garderont leur entière souveraineté, et une structure fédératrice nationale avec des personnes désignées localement pour faire partie de ce collectif national d’animation » , précise Pierre Cours-Salies. Un « collectif d’animation » est-il si différent d’une organisation politique habituelle ? « Il faut désacraliser cette dimension politique. C’est une question d’équilibre : il faut bien marcher sur deux jambes » , ajoute-t-il. À condition que l’une des deux ne soit pas plus longue que l’autre.