«~Une baisse de 20~%~»

Je suis entré à la SNCF en 1989, à l’âge de 23 ans. Je travaille en 2 x 8. Je fais des journées de 5 h 30 à 13 h 30, parfois de 4 h 30 à 12 h 30. Les après-midi, je travaille de 12 h à 20 h. Pour travailler un jour férié, nous avons une prime de 15 à 20 euros par jour.

Mon salaire de base est de 1 600 euros net. J’ai une cotisation de 7,85 % pour ma retraite, et la cotisation patronale est de 42,30 % sur 88 % du salaire, taux qui n’a pas bougé depuis des décennies. Dans la situation actuelle, je dois travailler 32 ans à la SNCF pour partir à 55 ans [^2]
. J’ai travaillé cinq ans dans le privé, en comptant les stages d’insertion dans la vie professionnelle (SIVP). Mais ce n’est pas ça qui va gonfler ma pension. Avec l’ancien calcul, la pension devrait être de 1 502 euros brut par mois. Avec la réforme, en 2021, je ne toucherai plus que 1 232 euros brut. Les mesures actuelles me feraient perdre 18 % sur ma future pension, ce qui représente un taux de remplacement de 58 %. Notre DRH a annoncé que cela représentait une baisse moyenne de 20 % pour les cheminots.

1 232 euros brut [1 140 euros net], cela fait peu par mois. Quand on entre à la SNCF, on sait qu’on peut partir à 55 ans, en cotisant nous-mêmes. On cotise plus et on sait qu’on est moins bien payé. Dans la réforme, il est dit que les gens vont pouvoir travailler sur d’autres postes au-delà de 55 ans. Les contrôleurs pourront s’occuper de la formation des jeunes. Mais on ne pourra pas mettre tout le monde à la formation à 55 ans. De même pour les agents qui travaillent sur les voies. Aujourd’hui, on est dans la productivité et pas dans l’embauche. Tous les ans, il y a 7 000 départs et 4 500 embauches, c’est-à-dire une baisse de 2 500 emplois. Si demain on bloque les départs à la retraite, cela veut dire qu’il n’y aura plus d’embauche.

[^2]: À la SNCF, la moyenne du niveau de cotisation est de 33 ans et trois mois, selon le rapport 2006 de la caisse de retraite.