Collectifs sans nom
dans l’hebdo N° 979 Acheter ce numéro
Il est environ 14 h dimanche, quand les délégués des collectifs unitaires antilibéraux, réunis en assises depuis la veille dans un amphi de l’université de Saint-Denis, procèdent au vote qui doit décider du nom de leur coordination. Depuis la fin octobre, plusieurs propositions ont été soumises aux collectifs locaux. Une seule émerge, sans faire l’unanimité : « Cap à gauche, Mouvement des collectifs unitaires », où Cap signifie Convergence pour une alternative politique. Le vote se fait à main levée. De la tribune, Gilles Mancillon dénombre 56 pour, 21 contre et 14abstentions.</>
Brouhaha dans la salle. Un délégué prend le micro pour rappeler que les assises ont adopté le matin même une charte de fonctionnement qui fait obligation d’obtenir une majorité des 2/3 pour toute décision. Cette majorité est-elle atteinte ? Oui si l’on s’en tient aux suffrages exprimés, plaident les uns. « Il faut compter les abstentions » , soutiennent les autres. « Si l’on n’est pas d’accord, c’est qu’il y a un problème » , lance une déléguée de son banc. Pour calmer les esprits, Yves Salesse suggère de revoter et demande aux abstentionnistes de « faire un choix » . La discussion se poursuit. « Si on sort sans nom, on n’existe pas » , plaide Rémy Jean. « Si on cane là-dessus, on va encore s’enfoncer. On ne peut pas repartir avec une oeuvre inachevée » , avertit Tarek Ben Hiba. « La gauche, c’est quand même ce qu’on a combattu » , tonne Christian Sunt, qui interprète le choix de Cap à gauche comme « une volonté d’éliminer » du rassemblement les écologistes radicaux, dont il se réclame.
Le nouveau vote donne 69 pour, 46 contre. La coordination des collectifs n’a toujours pas de nom. Peut-être en janvier… Ces assises, auxquelles ont participé près de 200 délégués de 152 collectifs venant de 58 départements, ont tout de même permis d’adopter un mode d’organisation très fédéraliste, un projet politique qui se fixe comme perspective d’être une « gauche de transformation sociale et écologique », ainsi qu’un appel à des états généraux de toute la gauche de transformation sociale ([^2]).