Le goût du pays

Du Sud au Nord de l’Italie, un voyage gourmand qui montre aussi la réalité des migrations.

Jean-Claude Renard  • 13 décembre 2007 abonné·es

Il y a bien ce village de San Giorgio Morgeto, accroché au flanc d’une colline, les bâtisses dégringolant en cascade bigarrée. Il y a bien la cueillette des olives, la mamma qui repasse les chemises, la paysanne édentée au fichu noir et sa phrase implacable (« Il faut de la patience en ce bas monde ») . Il y a bien encore les poules, les reflets du soleil, les rayons tapissant briques et torchis. Et les posters du Calcio.

Pourtant, en livrant les images d’une Italie actuelle, Alessandra Celesia ne tombe jamais dans le cliché. L’objet : suivre un camion grimpant du sud au nord de la péninsule et chargé de victuailles destinées aux Calabrais partis là où se trouve le travail. Des noix, des oranges, de l’huile d’olive, des piments. Et la provola . Au fil des kilomètres, le camion distribue ses paquets tandis que la radio annonce la mort d’une dizaine de clandestins africains au large de la Sicile. Derrière les saveurs, la réalité de l’immigration, à côté d’une migration remarquablement filmée, qui s’exprime sans dire son nom. Mais gavée de l’inquiétude sourde de l’éloignement, du déracinement.</>

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