1948-2008 : une initiative pour la Palestine

Une vingtaine d’associations, membres de la « Plateforme des ONG françaises pour la Palestine », et d’autres, qui se sont associées à elles pour la circonstance, préparent un rassemblement pour le 17 mai.

Denis Sieffert  • 10 janvier 2008 abonné·es

À l’occasion du 60e anniversaire du conflit israélo-palestinien, c’est-à-dire à la fois de la création de l’État d’Israël et, pour les Palestiniens, de la Nakba (la catastrophe) , au cours de laquelle 800 000 d’entre eux ont été expulsés, la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine [[Membres : Aitec, Association France Palestine solidarité, Association des villes françaises jumelées avec des camps de réfugiés palestiniens, CCFD, Cedetim, Cemea, Cicup, Cimade, Comité Gaza Jérusalem Méditerranée, CVPR, Enfants du monde-Droits de l’homme, Enfants réfugiés du monde, Génération Palestine, Gref, Le Mouvement de la paix, Ligue des droits de l’homme, Mrap, Palestine 33, Secours catholique-Caritas France, Terre des hommes-France, Union juive française pour la paix.

Observateurs : Acat, Afran-Saurel, Agir ensemble pour les droits de l’homme, Amnesty International, Association pour Jérusalem, Collectif judéo-arabe et citoyen pour la paix, Coordination Sud, Crid, Fondation France Libertés, Francas, Handicap International, Médecins du monde, Mouvement international de la réconciliation, Ritimo, Sidi, TVEAC.]] a décidé de lancer une vaste campagne de mobilisation citoyenne en faveur de la paix au Proche-Orient.

Illustration - 1948-2008 : une initiative pour la Palestine

Des soldats israéliens surveillent des Palestiniens lors d’une opération militaire menée le 6 janvier. BUIMOVITCH/AFP

C’est le thème d’une lettre adressée cette semaine par le président de la Plateforme, Bernard Ravenel, à l’ensemble des ONG qui en font partie, et au-delà. Dans le cadre de cette campagne, il annonce « une grande initiative publique » ­ « Six heures pour la Palestine » ­ qui se tiendra le 17 mai au Parc des expositions de la porte de Versailles. « À travers plusieurs débats, note Bernard Ravenel, historiques, juridiques et politiques, l’engagement de chanteurs et de musiciens, des interventions de personnalités politiques, de représentants du mouvement national palestinien et du mouvement international de solidarité incluant des Israéliens » , la Plateforme souhaite faire entendre la volonté des Palestiniens « de disposer de leur État souverain à côté de l’État d’Israël, conformément aux résolutions des Nations unies » .

L’urgence de réaffirmer les engagements de la Plateforme sur la question palestinienne répond à trois enjeux majeurs :
– l’évolution de la situation dans les territoires palestiniens occupés,
– l’évolution de la politique étrangère de la France à l’égard du Moyen-Orient, avec surtout les incertitudes lourdes du processus d’Annapolis, dans lequel la France semble vouloir jouer un rôle actif,
–l’état du mouvement de solidarité en France, qui s’inquiète des conséquences des affrontements Fatah-Hamas sur la perception par l’opinion publique des enjeux politiques réels du conflit.

Pour répondre à ces défis, la Plateforme entend à la fois réaffirmer sa solidarité avec le peuple palestinien, interpeller les pouvoirs publics et les forces politiques pour que s’exerce sur Israël la pression indispensable, et enfin élargir le mouvement vers d’autres publics, en particulier vers les jeunes.

Autour de l’événement majeur du 17 mai sont prévus :
– un appel d’élus et de personnalités politiques,
– un appel issu du monde culturel,
– une prise de position d’historiens.

L’enjeu historique apparaît particulièrement crucial avec la parution de travaux des nouveaux historiens israéliens (Ilan Pappé, Avi Schlaïm), mais aussi d’Abraham Burg, sans oublier Michel Warshawski ni Dominique Vidal. Des conférences-débats avec les auteurs seront organisées à Paris et en province à l’occasion du Salon du livre 2008, dont l’invité d’honneur sera… Israël.

Une action symbolique sera organisée dans différentes villes de France à l’occasion de la Journée de la terre, le 30 mars. Enfin, des outils de sensibilisation seront à la disposition des militants des associations de la Plateforme et de ceux qui le souhaiteront.

Cette lettre du président de la Plateforme rappelle, bien entendu, les fondements de la paix entre Palestiniens et Israéliens, qui passent nécessairement par le respect du droit international avec, en particulier, le retrait des territoires palestiniens occupés en 1967, la reconnaissance du principe du droit au retour et à indemnisation dont les modalités d’application seront négociées entre les parties, etc.

L’année 2008 devrait être une année cruciale dans cet interminable drame : l’État d’Israël voudra, à l’occasion des 60 ans de sa création, faire reconnaître sa pleine légitimité, alors que celle-ci devrait évidemment être conditionnée par la réalisation des droits des Palestiniens, et qu’en même temps, durant le processus d’Annapolis, Israël poursuit l’occupation et la colonisation de la Palestine.

La complicité de fait de la France dans la poursuite de cette politique qui conduit au désastre dans tout le Moyen-Orient oblige le mouvement de solidarité à franchir un seuil qualitatif pour exprimer la volonté d’une grande partie de l’opinion française d’en finir une fois pour toutes avec l’occupation et l’impunité d’Israël. Politis s’associera à la préparation et à la réalisation du rassemblement du 17 mai.

Idées
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