Faut-il boycotter les JO ?
dans l’hebdo N° 983 Acheter ce numéro
Doit-on frayer avec l’inacceptable dans l’espoir de changer la donne, ou faut-il jouer la carte du bannissement protestataire ? En encourageant le public à regarder ailleurs lors des prochains Jeux olympiques chinois, le Collectif pour le boycott des JO de Pékin (Cobop) ne se pose plus la question. « L’histoire a montré que les régimes totalitaires et le CIO [Comité international olympique] n’étaient pas deux éléments incommensurables mais au contraire une unique institution : celle du spectacle sportivisé » , avance le Cobop. Boycotter permet ainsi de protester contre tout ce qui fait de la Chine une terre inféconde pour les droits de l’homme. Tout en égratignant ce que sont devenus les Jeux eux-mêmes, manière de « guerre biotechnologique que mènent les prétendants aux records » .
Le Cobop estime ainsi que le dopage « fait partie intégrante » du sport, ce faux nez du capitalisme globalisé. Il devient alors « juste, pour ceux qui espèrent encore changer le monde, de revendiquer le boycott » .
Une « stratégie respectable » , estime Nicholas Bequelin, chercheur à la division Asie pour l’ONG Human Rights Watch, « mais qui n’est pas la nôtre. Nous pensons que la tenue des JO est une occasion unique d’attirer l’attention sur la situation des droits de l’homme en Chine, et de forcer le gouvernement chinois à faire des concessions sur ce plan ». Pour le chercheur, installé à Pékin, « le boycott risque également d’aliéner la population chinoise, qui est en très grande partie favorable à la tenue des Jeux, indépendamment de l’incessante propagande gouvernementale ». À en croire Nicholas Bequelin, la stratégie de la pression porte déjà ses fruits : « Du bout des lèvres, la Chine a déjà été obligée d’annoncer des mesures sur les dossiers les plus embarrassants en termes de droits de l’homme. » La liste est aussi longue qu’imparfaite : réduction du nombre d’exécutions, suspension du prélèvement des organes des prisonniers exécutés, réduction des peines maximales en camps de travail et même timides avancées sur les questions du Darfour et de la Birmanie. On le voit, la Chine est prête à faire quelques concessions nécessaires au lustre de son image internationale. « Ni plus, ni moins. »