Faut-il boycotter les JO ?

Xavier Frison  • 10 janvier 2008 abonné·es

Doit-on frayer avec l’inacceptable dans l’espoir de changer la donne, ou faut-il jouer la carte du bannissement protestataire ? En encourageant le public à regarder ailleurs lors des prochains Jeux olympiques chinois, le Collectif pour le boycott des JO de Pékin (Cobop) ne se pose plus la question. « L’histoire a montré que les régimes totalitaires et le CIO [Comité international olympique] n’étaient pas deux éléments incommensurables mais au contraire une unique institution : celle du spectacle sportivisé » , avance le Cobop. Boycotter permet ainsi de protester contre tout ce qui fait de la Chine une terre inféconde pour les droits de l’homme. Tout en égratignant ce que sont devenus les Jeux eux-mêmes, manière de « guerre biotechnologique que mènent les prétendants aux records » .

Le Cobop estime ainsi que le dopage « fait partie intégrante » du sport, ce faux nez du capitalisme globalisé. Il devient alors « juste, pour ceux qui espèrent encore changer le monde, de revendiquer le boycott » .

Une « stratégie respectable » , estime Nicholas Bequelin, chercheur à la division Asie pour l’ONG Human Rights Watch, « mais qui n’est pas la nôtre. Nous pensons que la tenue des JO est une occasion unique d’attirer l’attention sur la situation des droits de l’homme en Chine, et de forcer le gouvernement chinois à faire des concessions sur ce plan ». Pour le chercheur, installé à Pékin, « le boycott risque également d’aliéner la population chinoise, qui est en très grande partie favorable à la tenue des Jeux, indépendamment de l’incessante propagande gouvernementale ». À en croire Nicholas Bequelin, la stratégie de la pression porte déjà ses fruits : « Du bout des lèvres, la Chine a déjà été obligée d’annoncer des mesures sur les dossiers les plus embarrassants en termes de droits de l’homme. » La liste est aussi longue qu’imparfaite : réduction du nombre d’exécutions, suspension du prélèvement des organes des prisonniers exécutés, réduction des peines maximales en camps de travail et même timides avancées sur les questions du Darfour et de la Birmanie. On le voit, la Chine est prête à faire quelques concessions nécessaires au lustre de son image internationale. « Ni plus, ni moins. »

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

La Brigade rouge : un poing c’est tout !
Portfolio 20 novembre 2024 abonné·es

La Brigade rouge : un poing c’est tout !

Pour pallier les carences et manquements de l’État indien, l’ONG la Brigade rouge s’est donné pour mission de protéger et d’accompagner les femmes qui ont été victimes de viol ou de violences sexistes et sexuelles. Reportage photo.
Par Franck Renoir
À Koupiansk, en Ukraine, « il ne reste que les vieux et les fous »
Reportage 20 novembre 2024 abonné·es

À Koupiansk, en Ukraine, « il ne reste que les vieux et les fous »

Avec les rapides avancées russes sur le front, la ville de Koupiansk, occupée en 2022, est désormais à 2,5 km du front. Les habitants ont été invités à évacuer depuis la mi-octobre. Malgré les bombardements, certains ne souhaitent pas partir, ou ne s’y résolvent pas encore.
Par Pauline Migevant
À Valence, un désastre climatique et politique
Reportage 20 novembre 2024 abonné·es

À Valence, un désastre climatique et politique

Après les terribles inondations qui ont frappé la région valencienne, les réactions tardives du gouvernement de Carlos Mazón ont suscité la colère des habitants et des réactions opportunistes de l’extrême droite. Pour se relever, la population mise sur la solidarité.
Par Pablo Castaño
Pourquoi les Démocrates ont perdu l’élection présidentielle
Analyse 13 novembre 2024 abonné·es

Pourquoi les Démocrates ont perdu l’élection présidentielle

Après la défaite de Kamala Harris, les voix critiques de son parti pointent son « progressisme », l’absence de considération des classes populaires et le coût de la vie aux États-Unis. Les positions centristes de la candidate pour convaincre les électeurs indécis n’ont pas suffi.
Par Edward Maille