Pas d’Europe contre les peuples ! Tous à Versailles le 4 février
L’association Attac appelle à une mobilisation contre le nouveau traité européen, qui doit être adopté le 4 février par les parlementaires. Elle relaye ainsi une protestation spontanée de citoyens contre ce déni de démocratie.
dans l’hebdo N° 986 Acheter ce numéro
Le Conseil européen de Lisbonne des 18 et 19 octobre 2007 a adopté un nouveau traité européen. Élaboré en catimini, ce traité nous a été présenté par Nicolas Sarkozy comme « un traité simplifié, limité aux questions institutionnelles » .
Loin d’être simplifié, ce traité comporte plusieurs centaines de pages avec 359 modifications des traités existants, 13 protocoles et quelques dizaines de projets de déclarations ayant la même valeur juridique que les traités. Loin de le limiter aux questions institutionnelles, ses rédacteurs en ont fait une copie illisible du traité constitutionnel européen (TCE) rejeté par les Français et les Néerlandais en 2005, sans tenir aucun compte des débats qui ont eu lieu dans ces pays. De l’aveu même de Valéry Giscard d’Estaing, père du projet de TCE, « la France n’a pas obtenu les changements réclamés par certains des partisans du « non » au référendum » .
Pourtant, le président de la République veut faire adopter ce traité par voie parlementaire, sans consulter les citoyens. Il réunit les parlementaires français en Congrès à Versailles le 4 février 2008 pour modifier la Constitution française et permettre la ratification du nouveau traité par le Sénat et l’Assemblée nationale. La majorité présidentielle ne dispose pas des 3/5 des voix nécessaires à cette adoption. Celle-ci risque cependant d’être rendue possible grâce à une opposition parlementaire en désordre et à des responsables du Parti socialiste allant même jusqu’à renier l’engagement pris durant la campagne présidentielle pour un référendum en faveur d’un nouveau traité.
En 2005, le peuple s’était mal prononcé, en 2008, il se taira !
À quinze jours du Congrès, aucun débat public sur les enjeux de ce traité ni, plus largement, sur les grandes orientations de la construction européenne n’a été lancé par les pouvoirs publics. Les grands médias, lorsqu’ils évoquent le sujet, se contentent de brefs gargarismes sur la relance de l’Europe grâce à un « mini-traité ».
Les débats rendus possibles par une large mobilisation citoyenne en 2005 sont bien loin aujourd’hui. L’idée selon laquelle on pouvait se sentir pro-européen mais refuser l’orientation néolibérale de la construction actuelle de l’Union européenne est totalement ignorée. Nos dirigeants l’ont compris, on ne peut faire confiance au peuple pour construire l’Europe qu’ils nous proposent ! Ils ont donc tout simplement décidé de nous bâillonner.
Un jour de congé pour la démocratie
Le vote à Versailles sera le point d’orgue de cette forfaiture démocratique. Nous sommes nombreux à nous sentir insultés par cette tentative de passage en force. Nous vous invitons à un rassemblement citoyen et festif à Versailles, le 4 février, pour faire pression sur nos élus et leur rappeler le vote du 29 mai 2005.
À 16 heures, au moment du vote par les parlementaires en Congrès, nous porterons le deuil de la démocratie et nous nous bâillonnerons symboliquement devant l’enceinte du château.
Tous les « sans-culottes » de France qui comptent se rendre à Versailles sont invités à s’inscrire rapidement sur le site tousaversaillesle4fevrier2008.fr pour prévoir au mieux les transports et l’organisation sur place. Plusieurs cars sont déjà prévus à ce jour.