Saupoudrage ou poudre aux yeux ?

Ingrid Merckx  • 31 janvier 2008 abonné·es

Six mois pour quoi ? Six mois de rencontres territoriales avec des élus, des responsables associatifs, des spécialistes des banlieues, des sociologues, des acteurs locaux…, a énuméré Fadela Amara, secrétaire d’État à la Politique de la ville en introduction à sa « journée espoir banlieue », le 23 janvier, à Vaulx-en-Velin. Six mois pour sortir les trois axes du fameux « plan banlieue », qui ne sera pas encore cette fois « Marshall » (et tout juste « Amara »)… Six mois pour annoncer qu’il faut mettre la priorité sur l’emploi, la formation des jeunes et la lutte contre les discriminations ; sur la réussite éducative pour chaque enfant des quartiers ; sur le désenclavement. Cela, grâce aux piliers que sont : une « nouvelle gouvernance » locale et nationale, un effort public ciblé pour « plus d’efficacité » , une « véritable rénovation sociale des quartiers » avec l’Anru, et une solidarité locale « qui joue pleinement son rôle » … Ça ne mange pas de pain. D’autant que la secrétaire d’État a pris soin de ne pas chiffrer l’ensemble en attendant le plan banlieue, le vrai, que doit présenter le chef de l’État le 8 février. Elle s’en est donc tenue à des « souhaits » du type : « mettre le paquet sur les quartiers les plus difficiles » , soit 100 à 200 quartiers choisis parmi les 751 zones urbaines sensibles sur lesquelles il y aurait eu « trop de saupoudrage » .

C’est précisément le terme employé par Marie-George Buffet, secrétaire générale du PCF, au sujet de cette amorce de plan. Amorce qu’Aurélie Filippetti, porte-parole du groupe PS à l’Assemblée nationale, a définie comme une « totale embrouille » . « Nous refusons de cautionner une telle mascarade » , a tranché le groupe de liaison de la gauche et des écologistes. Mais la critique la plus virulente est venue de la ministre elle-même : Christine Boutin jugeant, le soir du déplacement de sa secrétaire d’État à Vaulx-en-Velin, qu’elle avait « manqué peut-être d’un peu de prudence » en proposant de créer 45 000 emplois en trois ans et de réduire de « 40 % le chômage des jeunes » en banlieue . Reste que le lendemain, en présentant ses voeux à la presse en présence de Fadela Amara, Christine Boutin a déclaré : « N’essayez pas de mettre un coin entre nous deux […] Nous sommes en vérité bien plus faites du même bois qu’il n’y paraît. Le président de la République, qui n’est pas né de la dernière pluie, savait parfaitement ce qu’il faisait en nous réunissant. » Du moment que lui, il sait…

Société
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