Un gros mot
dans l’hebdo N° 985 Acheter ce numéro
Comme on pouvait s’y attendre, la visite de George W. Bush en Israël et dans les territoires palestiniens occupés n’a pas fait avancer d’un iota la cause d’une paix véritable. Tout juste le président des États-Unis a-t-il eu une audace de vocabulaire, le 10 janvier devant la presse, en prononçant pour la première fois le mot « occupation ». « Un accord doit stipuler qu’il y aura une fin à l’occupation qui a commencé en 1967 », a-t-il affirmé à Jérusalem. Toutefois, et dans le même point de presse, il a aussitôt envisagé la nécessité d’ « ajustements » qui permettraient à Israël de conserver ses plus gros blocs de colonies. Mais la véritable question est ailleurs : que compte faire réellement George W. Bush pour contraindre Israël à accepter le principe d’un démantèlement des colonies ?
L’hypocrisie est totale puisque le Président américain parle trois semaines tout juste c’était le 23 décembre après qu’Israël eut confirmé sa volonté de poursuivre l’extension de deux colonies de Cisjordanie. Pour avoir un commencement de crédibilité, il aurait fallu que George W. Bush exige l’annulation de ce nouveau programme de constructions. Au contraire, il s’est bien gardé de demander l’annulation du plan d’extension de la colonie d’Har Homa, pourtant annoncé de façon provocatrice au lendemain de la réunion d’Annapolis, le 27 novembre. Le double discours américain a d’ailleurs permis au Premier ministre israélien de tirer ses propres conclusions de la visite de George Bush. Selon Ehud Olmert, son hôte a surtout réaffirmé qu’aucun accord n’est possible tant que « la violence depuis la bande de Gaza n’aura pas pris fin ».
Cette fausse symétrie entre la colonisation, qui constitue l’origine historique de tout le conflit, et les tirs de roquettes paralyse la négociation depuis des années. Il paraît tout de même que George Bush reviendra dans la région avant la fin de son mandat, en décembre prochain. Il pourra alors déplorer un statu quo qu’il aura contribué à installer.