Une longue histoire
dans l’hebdo N° 986 Acheter ce numéro
Plus vieille qu’Olivier Besancenot de quelques mois, la Ligue communiste révolutionnaire a34 ans. Mais son histoire commence en 1966, quand de jeunes trotskistes, exclus de l’Union des étudiants communistes pour avoir refusé de soutenir la candidature de François Mitterrand à l’élection présidentielle, créent la Jeunesse communiste révolutionnaire (JCR). Hostile à l’orientation parlementaire modérée du PCF, dont elle critique l’absence de démocratisation, la JCR est très engagée dans le soutien à la lutte du Vietminh et aux mouvements anticolonialistes. Son activisme, notamment dans les Comités d’action lycéens (CAL), lui vaut de multiplier ses effectifs par quatre en Mai 68. Des événements, elle tire la conclusion qu’ « il manque le Parti » et crée en 1969 la Ligue communiste (LC), qui s’engage alors dans une hypersélection militante et une implantation au sein de la classe ouvrière. Son candidat à la présidentielle, Alain Krivine, recueille 1,05 %. Mais le « gauchisme » quasi militaire de la LC lui vaut d’être dissoute par le ministère de l’Intérieur, en juin 1973.
Reconstituée en 1974, sous l’appellation de Ligue communiste révolutionnaire (LCR), la Ligue se recentre vers des positions plus ancrées sur le mouvement social. Critique vis-à-vis du programme commun, elle veut croire que la dynamique de la victoire de François Mitterrand en 1981 entraînera un nouveau « juin 36 ». Pour préparer cette grève générale, elle se lance dans ce qu’elle nomme un « tournant ouvrier » pour « changer sa composition sociale par effet mécanique d’implantation » . Mais le brusque virage de la politique de la gauche en 1983 ne lui profite pas. La LCR amorce un déclin. Elle perd beaucoup de militants et de visibilité.
La chute du mur de Berlin invalide ses thèses. Loin de conduire à une « révolution antibureaucratique » vers le socialisme, l’effondrement de l’URSS voit l’économie de marché triompher partout. « Nouvelle époque, nouveau programme, nouvelle orientation » , analyse la LCR, qui s’oriente alors vers la création d’un nouveau parti « anticapitaliste large » . L’objectif est toutefois reporté à plusieurs reprises. Le choix d’Olivier Besancenot comme nouveau porte-parole et candidat à la présidentielle (4,24 % en 2002, 4,08 % en 2007) le rend aujourd’hui envisageable.