Le faux plan

Ingrid Merckx  • 14 février 2008 abonné·es

Le Plan banlieue n’aura pas lieu. Faut-il s’en moquer ­ puisque les banlieues avaient moins besoin d’un énième plan que d’une politique globale ? Ou déplorer que le « plan Marshall » que le Président faisait miroiter depuis des mois accouche d’une souris ? Ce plan était très attendu. Fadela Amara, secrétaire d’État en charge de la politique de la ville, l’avait maladroitement baptisé « Espoir banlieue », mais, après les violences de novembre 2005 et une aggravation des inégalités dans les quartiers populaires depuis trente ans, tout le monde avait plutôt envie de jouer le jeu, à défaut d’y croire. Total : le 8 février, Nicolas Sarkozy a rendu publique une flopée de mesures ni neuves ni chiffrées.

Au rayon emploi : lancement d’un « contrat d’autonomie » visant à « accompagner vers l’emploi » 100 000 jeunes, et volonté de favoriser la création de 20 000 entreprises. Au rayon éducation : augmentation des écoles de la seconde chance et des internats d’excellence, et « busing » (déplacement d’un enfant d’un établissement difficile vers une école favorisée). Au rayon sécurité : 4 000 policiers supplémentaires dans les quartiers sensibles. Au rayon administration : un représentant de l’État par quartier selon un système de primes aux volontaires (au relent colonial).

Seul chiffre avancé dans tout cela : 500 millions d’euros pour développer les transports en commun. Soit moitié moins que ce que Fadela Amara avait annoncé. Une ligne de tramway coûtant dans les 200 millions, 500 millions pour la France, c’est léger ! Pour le reste : « redéploiement » du budget des ministères, effort porté sur les collectivités (via la solidarité entre communes). L’État s’en sort pour pas cher. C’était ça, le plan. « Ceux qui sont prêts à faire quelque chose, l’État les aidera. Ceux qui ne veulent rien faire, l’État ne fera rien pour eux », a martelé le Président, non content de faire des économies en prêchant une vision de la société où ceux qui galèrent dans l’ombre n’ont à s’en prendre qu’à eux-mêmes.

« Aide-toi, l’État t’aidera. » Voilà la politique publique qui doit « casser les ghettos ». Voilà la politique globale qui doit réduire la fracture sociale.

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« Aujourd’hui, le nouveau front, c’est d’aller faire communauté dans les territoires RN »
Entretien 22 novembre 2024 abonné·es

« Aujourd’hui, le nouveau front, c’est d’aller faire communauté dans les territoires RN »

Auteur de La Colère des quartiers populaires, le directeur de recherches au CNRS, Julien Talpin, revient sur la manière dont les habitants des quartiers populaires, et notamment de Roubaix, s’organisent, s’allient ou se confrontent à la gauche.
Par Hugo Boursier
Les personnes LGBT+, premières victimes de violences sexuelles
Étude 21 novembre 2024 abonné·es

Les personnes LGBT+, premières victimes de violences sexuelles

Une enquête de l’Inserm montre que de plus en plus de personnes s’éloignent de la norme hétérosexuelle, mais que les personnes LGBT+ sont surexposées aux violences sexuelles et que la transidentité est mal acceptée socialement.
Par Thomas Lefèvre
La santé, c’est (avant tout) celle des hommes !
Santé 21 novembre 2024 abonné·es

La santé, c’est (avant tout) celle des hommes !

Les stéréotypes sexistes, encore profondément ancrés dans la recherche et la pratique médicales, entraînent de mauvaises prises en charge et des retards de diagnostic. Les spécificités féminines sont trop souvent ignorées dans les essais cliniques, et les symptômes douloureux banalisés.
Par Thomas Lefèvre
La Confédération paysanne, au four et au moulin
Syndicat 19 novembre 2024 abonné·es

La Confédération paysanne, au four et au moulin

L’appel à la mobilisation nationale du 18 novembre lancé par la FNSEA contre le traité UE/Mercosur laisse l’impression d’une unité syndicale, qui n’est que de façade. La Confédération paysanne tente de tirer son épingle du jeu, par ses positionnements et ses actions.
Par Vanina Delmas