Le faux plan
dans l’hebdo N° 989 Acheter ce numéro
Le Plan banlieue n’aura pas lieu. Faut-il s’en moquer puisque les banlieues avaient moins besoin d’un énième plan que d’une politique globale ? Ou déplorer que le « plan Marshall » que le Président faisait miroiter depuis des mois accouche d’une souris ? Ce plan était très attendu. Fadela Amara, secrétaire d’État en charge de la politique de la ville, l’avait maladroitement baptisé « Espoir banlieue », mais, après les violences de novembre 2005 et une aggravation des inégalités dans les quartiers populaires depuis trente ans, tout le monde avait plutôt envie de jouer le jeu, à défaut d’y croire. Total : le 8 février, Nicolas Sarkozy a rendu publique une flopée de mesures ni neuves ni chiffrées.
Au rayon emploi : lancement d’un « contrat d’autonomie » visant à « accompagner vers l’emploi » 100 000 jeunes, et volonté de favoriser la création de 20 000 entreprises. Au rayon éducation : augmentation des écoles de la seconde chance et des internats d’excellence, et « busing » (déplacement d’un enfant d’un établissement difficile vers une école favorisée). Au rayon sécurité : 4 000 policiers supplémentaires dans les quartiers sensibles. Au rayon administration : un représentant de l’État par quartier selon un système de primes aux volontaires (au relent colonial).
Seul chiffre avancé dans tout cela : 500 millions d’euros pour développer les transports en commun. Soit moitié moins que ce que Fadela Amara avait annoncé. Une ligne de tramway coûtant dans les 200 millions, 500 millions pour la France, c’est léger ! Pour le reste : « redéploiement » du budget des ministères, effort porté sur les collectivités (via la solidarité entre communes). L’État s’en sort pour pas cher. C’était ça, le plan. « Ceux qui sont prêts à faire quelque chose, l’État les aidera. Ceux qui ne veulent rien faire, l’État ne fera rien pour eux », a martelé le Président, non content de faire des économies en prêchant une vision de la société où ceux qui galèrent dans l’ombre n’ont à s’en prendre qu’à eux-mêmes.
« Aide-toi, l’État t’aidera. » Voilà la politique publique qui doit « casser les ghettos ». Voilà la politique globale qui doit réduire la fracture sociale.