L’union fait leur force

Les Verts devraient profiter des intentions de vote favorables à la gauche, mais ils ont moins de listes autonomes qu’en 2001.

Patrick Piro  • 21 février 2008 abonné·es

«Nous aurons certainement beaucoup plus d’élus qu’en 2001» , assure Michel Bock. Le délégué national aux élections ne prend guère de risques: les Verts devraient être mécaniquement aspirés par le succès que les sondages promettent à la gauche, après son recul des municipales de2001. Ses victoires de prestige dans les grandes villes (dont Paris et Lyon) avaient cependant profité aux Verts, meilleurs en zones urbaines, et qui réussissent généralement bien lors des municipales. Ils avaient déjà nettement progressé par rapport à 1995, et les 194listes parties aux urnes sous la bannière verte au premier tour de 2001 avaient recueilli en moyenne 11,25% des voix.

Mais, en mars, les Verts ne présenteront de listes autonomes au premier tour que dans 22% des villes de plus de 20000 habitants, contre 26% en 2001. Plus que sur leurs propres forces, les Verts ont donc préféré compter sur la dynamique de listes d’union à gauche. « Après leur mauvais résultat à la présidentielle de 2007, leur grande discrétion lors du Grenelle de l’environnement et une réforme de leurs statuts qui laisse le public indifférent, tout se passe donc comme s’ils avaient anticipé le risque de se présenter sous leurs couleurs » , analyse Daniel Boy, directeur de recherches au Centre de recherches politiques de Sciences-Po (Cevipof). «D’autant plus que les socialistes et les communistes leur ont octroyé plus fréquemment qu’auparavant des positions éligibles, relève Michel Bock. C’est l’effet de la montée des préoccupations environnementales
[^2].»
Au point que les Verts doivent affronter une concurrence inéditeà gauche. Ainsi, à Montreuil(93), ville briguée par la sénatrice Dominique Voynet à la tête d’une liste écologiste, citoyenne et socialiste (où n’apparaît pas le logo des Verts), le maire sortant Jean-Pierre Brard (apparenté communiste) a réussi à attirer à ses côtés le socialiste Bruno Rebelle, ex-directeur de Greenpeace-France.

Certaines batailles de premier tour pourraient donc laisser un goût amer aux écologistes. Si les listes menées par Éric Quiquet à Lille ou Maryvonne Boileau (Verts-Alternatifs-Ades) à Grenoble pourraient dépasser les 10% et négocier dans de bonnes conditions une fusion avec la gauche, plusieurs listes vertes en seraient privées, faute d’atteindre les 5% des voix. ÀMontpellier, les 9% dont sont crédités les Verts ne leur seraient même d’aucun bénéfice si la liste de la maire sortante PS, Hélène Mandroux (avec le PC, le MoDem, le PRG, le MRC et Georges Frêche), l’emporte dès le premier tour (elle cumule près de 47% des intentions de vote).

Les deux périls se conjuguent à Paris, où la liste de Denis Baupin peine à décoller (6%) tout en étant menacée d’éviction dès le 9mars dans plusieurs arrondissements où la liste du maire sortant PS, Bertrand Delanoë, qui amorce un rapprochement avec le Modem, semble en mesure de dépasser les 50% dès le premier tour. Alors que la liste verte avait totalisé 12% dans la capitale en 2001, et que le maire s’appuie fortement sur les réalisations pilotées par Denis Baupin, adjoint aux transports (couloirs de bus, tram, Vélib, etc.), ce dernier a choisi de radicaliser son discours pour défendre la singularité de l’écologie politique. Un échec à Paris, après sept ans de cogestion avec les socialistes, serait emblématique pour l’ensemble du parti écologiste. Un nombre croissant de leurs élus, au soir du 16 mars, masquerait aussi difficilement certaines désaffections de poids
[^3], de même qu’il renforcerait une critique interne récurrente, celle d’un «parti d’élus»
[^4], alors que le nombre de militants est en recul.

[^2]: Un sondage de novembre 2007 pour la Gazette des communes plaçait l’environnement et le développement durable en tête des sujets importants pour les électeurs (31%), devant les écoles, les crèches ou les mesures pour les personnes âgées.

[^3]: Dont deux anciens secrétaires nationaux : Jean-Luc Bennahmias, passé au MoDem, est tête de liste à Marseille, et Yann Wehrling est en deuxième position de la liste MoDem à Strasbourg.

[^4]: Avec leurs collaborateurs, ils comptent actuellement pour environ un tiers des encartés.

Politique
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