Boycott or not ?

Denis Sieffert  • 27 mars 2008 abonné·es

Selon une tradition quasi indifférente à la conjoncture politique, la flamme olympique a donc été rallumée lundi à Olympie, entamant le long périple qui doit la conduire au mois d’août à Pékin. Et qu’importe la répression du régime chinois contre les Tibétains! Selon le gouvernement tibétain en exil à Dharamsala (Inde), ce sont pourtant 130personnes qui ont été tuées au cours des dernières semaines. Lundi, le président du Comité international olympique (CIO), Jacques Rogge, a estimé qu’il ne voyait pas se dessiner «d’élan» sur la scène internationale pour un boycott. Formule qui masque mal son peu d’appétence personnelle pour toute forme d’action. Il est vrai que les JO sont, derrière la vitrine sportive, un formidable vecteur de commerce international. Et c’est bien pour cela que la Chine a été choisie. Quant au mouvement sportif, il s’abrite toujours derrière une supposée neutralité qui le rend sourd et aveugle à la réalité du monde.

L’initiative d’une manifestation quelconque ne viendra donc pas du CIO. Si quelque chose doit être décidé, ce sera à partir des capitales occidentales. Les arrière-pensées n’y sont pas absentes non plus. Le dernier exemple de boycott était venu de Washington contre les Jeux de Moscou, en 1980. Il s’agissait, officiellement, de protester contre l’invasion soviétique en Afghanistan. La guerre des Blocs faisait encore rage. Et la leçon de morale américaine dissimulait une alliance militaire avec les talibans contre l’Union soviétique. Derrière la fable des «droits de l’Homme», la CIA flirtait avec Ben Laden. La question du boycott est donc parfois plus complexe qu’il n’y paraît. Sans compter qu’un geste symbolique sans lendemain pourrait ensuite livrer les Tibétains à une aggravation de la répression. D’où la nécessité d’une réflexion plus profonde alliant l’économique au symbolique, et fixant de surcroît des objectifs non seulement contre la répression, mais pour un statut international du Tibet. Autrement dit, oui au boycott, mais il serait insupportable que l’on s’émeuve quelques jours pour le Tibet pour l’abandonner de nouveau, ensuite.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

La Brigade rouge : un poing c’est tout !
Portfolio 20 novembre 2024 abonné·es

La Brigade rouge : un poing c’est tout !

Pour pallier les carences et manquements de l’État indien, l’ONG la Brigade rouge s’est donné pour mission de protéger et d’accompagner les femmes qui ont été victimes de viol ou de violences sexistes et sexuelles. Reportage photo.
Par Franck Renoir
À Koupiansk, en Ukraine, « il ne reste que les vieux et les fous »
Reportage 20 novembre 2024 abonné·es

À Koupiansk, en Ukraine, « il ne reste que les vieux et les fous »

Avec les rapides avancées russes sur le front, la ville de Koupiansk, occupée en 2022, est désormais à 2,5 km du front. Les habitants ont été invités à évacuer depuis la mi-octobre. Malgré les bombardements, certains ne souhaitent pas partir, ou ne s’y résolvent pas encore.
Par Pauline Migevant
À Valence, un désastre climatique et politique
Reportage 20 novembre 2024 abonné·es

À Valence, un désastre climatique et politique

Après les terribles inondations qui ont frappé la région valencienne, les réactions tardives du gouvernement de Carlos Mazón ont suscité la colère des habitants et des réactions opportunistes de l’extrême droite. Pour se relever, la population mise sur la solidarité.
Par Pablo Castaño
Pourquoi les Démocrates ont perdu l’élection présidentielle
Analyse 13 novembre 2024 abonné·es

Pourquoi les Démocrates ont perdu l’élection présidentielle

Après la défaite de Kamala Harris, les voix critiques de son parti pointent son « progressisme », l’absence de considération des classes populaires et le coût de la vie aux États-Unis. Les positions centristes de la candidate pour convaincre les électeurs indécis n’ont pas suffi.
Par Edward Maille