Estrosi enflamme la Kanaky

Olivier Doubre  • 20 mars 2008 abonné·es

La tension est de nouveau montée en Kanaky ces derniers mois, en lien avec une mobilisation syndicale autour d’un conflit portant sur le licenciement d’un délégué syndical d’une filiale de Veolia et, surtout, avec la visite du très sarkozyste Christian Estrosi, ministre des DOM-TOM qui semble vouloir renouer avec des méthodes chères à l’un de ses prédécesseurs, Bernard Pons. Arrivé à Nouméa en octobre dernier, le ministre n’avait pas supporté, lors d’une réception, le bruit occasionné à proximité par une manifestation du syndicat majoritaire kanak, l’USTKE (Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités). Il avait alors demandé au haut-commissaire en poste (l’équivalent du préfet là-bas) d’envoyer les gendarmes disperser les manifestants, ce que ce dernier avait refusé de faire, prévenant le ministre que faire charger une manifestation de ce syndicat majoritaire risquerait de provoquer des troubles dans tout le territoire. Réaction du ministre: il obtient la démission du haut-commissaire et nomme son directeur de cabinet, Yves Dassonville, un homme à poigne qui saura obéir au ministre!

Au cours d’une carrière à la préfectorale, ce dernier avait d’ailleurs déjà été brièvement chef de cabinet du très chiraquien Gaston Flosse, lorsque celui-ci avait été secrétaire d’État chargé du Pacifique-Sud auprès de Bernard Pons durant la première cohabitation (1986-1988). Quelques mois après son entrée en fonction, le nouveau haut-commissaire de Nouméa fait charger très durement une manifestation de soutien devant le piquet de grève de Carsud, société de transport et filiale de Veolia, où le conflit s’est enlisé et durci depuis plusieurs mois, faute de toute volonté de négociation du côté de l’entreprise. Plusieurs militants sont ainsi arrêtés et jetés en prison, où ils resteront cinq semaines avant de passer devant le tribunal de Nouméa… en procédure de «comparution immédiate»!

Politique
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