Une vitalité croissante

La percée de la LCR, la résistance du PCF et les résultats des listes antilibérales ou citoyennes attestent d’une résistance nouvelle à la course au centre.

Michel Soudais  • 13 mars 2008 abonné·es

Sur les plateaux de télévision, Olivier Besancenot affiche un sourire de contentement. « Sur 200 listes présentées ou soutenues par la LCR, 109 dépassent 5 % et 29 sont au-dessus de 10 % » , se félicite l’organisation trotskiste dans un communiqué. Qui annonce aussi l’élection de 71 élus dès le premier tour, plus du double de la mandature précédente. La LCR a fait des percées inattendues dans de grandes villes, avec plus de 5 % à Toulouse, Lyon, Marseille, Tours, Poitiers, Limoges, Montpellier, Nancy, Amiens. Ses listes recueillent entre 5 % et 10 % à Saint-Brieuc, Alençon, Saint-Malo, Quimper, Pau, Bayonne, Bar-le-Duc, Blois, Montreuil (Seine-Saint-Denis), Brest, Annecy. Parmi ses meilleurs scores : 17,59 % à Aureilhan (Hautes-Pyrénées), 15 % à Quimperlé (Finistère), 14,8 % à Sotteville-les-Rouen (Seine-Maritime), 13,8 % à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), 10,4 % à Louviers (Eure), 10,38 % à Lormont (Gironde).

« Il s’agit d’un résultat historique, sans précédent pour la LCR, dans un scrutin municipal » , souligne François Sabado, un de ses dirigeants. Le parti trotskiste, créé après les événements de Mai 68, n’avait frôlé une telle percée qu’en 1977, rappelle-t-il. Pour lui, le score valide la stratégie de son organisation, basée sur « l’indépendance » vis-à-vis du PS. Les listes « 100 % à gauche » ont refusé toute alliance de premier tour avec le PS, précise-t-on à la LCR, pour se distinguer de LO. L’organisation d’Arlette Laguiller participait à 69 listes avec le PS ou le PCF et présentait 117 listes sous sa propre bannière ; elle annonce avoir 36 candidats élus au premier tour, dont 21 sur des listes unitaires.

Pour la LCR, ces bons résultats électoraux « viennent en appui » à sa stratégie de construction d’un « nouveau parti anticapitaliste » . « Cet ancrage local servira de relais à la fois pour développer les luttes sociales et pour construire le nouveau parti » , souligne François Sabado. « On ne peut plus dire qu’il s’agit du seul effet Olivier Besancenot » , argue-t-il.

Ces bons résultats sont toutefois loin d’être tous imputables à la seule LCR. Il est ainsi cocasse de voir celle-ci revendiquer les résultats de la liste de Clermont-Ferrand (voir page 6) alors que, l’an dernier, sa direction dénonçait la démarche unitaire et rassembleuse de l’animateur de cette liste, allant jusqu’à présenter un candidat contre lui aux législatives. C’est pourtant cet engagement, contesté, qui vaut à Alain Laffont, qui était aussi candidat aux cantonales, de recueillir 18,41 % des voix dans le canton de Montferrand. Un record qui n’est pas tout à fait une exception, tant ce scrutin traduit l’affirmation d’une gauche qui ne souhaite pas renoncer à être elle-même.

La bonne tenue du PCF dans les primaires qui l’opposaient au PS ­ en Seine-Saint-Denis, il en a gagné sept sur huit ­ et les scores encourageants de listes antilibérales, écologistes et altermondialistes attestent de la vitalité croissante d’une gauche qui refuse la course au centre de nombreux responsables socialistes, une gauche qui n’abdique pas. C’est le cas, à Lyon, des listes Audaces, qui, dans des circonstances difficiles, dues notamment à un boycott médiatique, obtiennent des scores supérieurs ou égaux à 5 % dans l’ensemble des six arrondissements où elles se présentaient et qui dépassent 10 % dans le Ier. Mais aussi à Gap. Dans la préfecture des Hautes-Alpes, une liste Gauche (Gap alternative unitaire citoyenne humaniste écologiste), composée principalement d’adhérents de l’ancien collectif local pour une candidature unitaire et soutenue par les Verts, le PCF, la LCR, le Parti occitan et des ex-PS, et conduite par Jean-Claude Eyraud, un ancien responsable syndical cégétiste, obtient 11,74 %. Soit trois points de plus que le score de ce dernier aux législatives. Pas très loin, dans le canton d’Aspres-sur-Buech, Jean-Claude Gast, qui se réclame de la même démarche, a doublé les deux candidats socialistes ; c’est lui qui porte désormais les espoirs de la gauche dans un canton susceptible de faire basculer le département.

Autant de signes qui témoignent d’un désir de gauche des électeurs peu séduits par un désir d’avenir gnangnan.

Politique
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