Une réforme à la carte ?
dans l’hebdo N° 998 Acheter ce numéro
Après la carte scolaire et la carte judiciaire, la carte hospitalière? Pas du tout, rassure Roselyne Bachelot. Alors que le président de la République s’apprête à rendre public son plan de réforme pour l’hôpital, la ministre de la Santé soutient que les regroupements d’hôpitaux prévus sont une démarche volontariste, partant des acteurs de terrain, qui n’entraînera pas de fermeture de structures mais des transformations avec incitations financières.
Pas du tout, répète aussi Gérard Larcher, auteur d’un rapport sur les missions de l’hôpital. «Nous n’avons pas cherché à réorganiser la carte hospitalière, mais à répondre au mieux aux besoins de santé d’un territoire , explique-t-il dans leMonde du 10avril. Sur un territoire donné, les établissements hospitaliers seront incités à mettre en commun leurs moyens. Il y aura ainsi un hôpital de référence, qui sera le lieu des compétences médicales obligatoires, qui travaillera en coopération avec des hôpitaux locaux. Ceux-ci pourront répondre aux besoins en gériatrie ou offrir des consultations de spécialistes là où ils manquent cruellement, voire être des lieux d’organisation de la permanence des soins. Il n’y a pas de modèle unique, tout se fera sur le volontariat.» Si personne ne défend le statu quo à l’hôpital, certains s’inquiètent de la manière dont le gouvernement entend rationnaliser-régionaliser le système. Pour le PS, la création de communautés hospitalières de territoire est une bonne idée si elle permet «une meilleure coordination des soins et un regroupement bien compris de l’offre» . Mais, redoute-t-il, «si l’hôpital de référence vide de leur substance les hôpitaux généraux et locaux du territoire […] *, cette politique de regroupement géographique cachera une politique de restructuration purement économique»* . Député PS de la Nièvre et président d’une mission parlementaire d’information sur l’offre de soins, Christian Paul va plus loin: «La carte hospitalière dessine deux France: l’une où se concentrent les moyens hospitaliers, l’autre où le désert médical progresse.»