1968, toujours actuel
dans l’hebdo N° 1004 Acheter ce numéro
Parmi les innombrables parutions sur Mai 68, celle-ci a un double intérêt. La qualité de ses auteurs d’abord. Daniel Bensaïd et Alain Krivine n’ont rien renié ni abdiqué des ambitions politiques qui étaient les leurs voici quarante ans. Ils sont toujours dans le feu de l’action, à la tête de la Ligue communiste révolutionnaire. La nostalgie n’est pas leur truc. On évite avec eux un travers assez répandu : la sacralisation. Les matériaux intellectuels et théoriques qu’ils extraient de 1968 sont recyclés dans le combat d’aujourd’hui. Même si l’histoire y trouve aussi son compte, notamment quand les auteurs interrogent le rôle du PCF et de la CGT. L’autre intérêt réside dans la construction de ce petit ouvrage écrit à quatre mains et en trois temps. Les auteurs revisitent des textes publiés par eux sur le même sujet en 1988 et en 1998, avant de l’analyser dans sa représentation actuelle. Il leur faut d’abord lutter – à l’heure de la mitterrandie triomphante – contre l’idée que la « grève générale de 1968 » aurait été la « der des der », un archaïsme hérité du XIXe siècle.
Dix ans plus tard, ce n’est plus la condescendance qui guette face à un événement recouvert par la poussière du temps, mais la fétichisation. Et c’est finalement en 2008 que « l’événement global » est le moins contesté dans son actualité. Bensaïd et Krivine répondent à Nicolas Sarkozy, qui a fait de Mai 68 la cible principale de son discours. Preuve par l’absurde que la grève générale n’est ni une vieillerie pour l’histoire ni un mythe.