« Une nouvelle vision du monde s’élabore »
Le député Vert Yves Cochet, depuis la publication de « Pétrole apocalypse* », s’est ouvertement rallié à la mouvance décroissante. Il a assisté au colloque.
dans l’hebdo N° 1001 Acheter ce numéro
Avez-vous le sentiment d’avoir assisté à un petit événement ?
Yves Cochet : Sans vouloir être trop emphatique, je dirais qu’il m’a rappelé les premières conférences d’Ivan Illich, grand critique du productivisme, dans les années 1970 : plus que l’académisme, ce qui comptait, c’était le tourbillon d’idées ! Ce colloque a révélé lui aussi beaucoup d’enthousiasme et d’ambition, avec des productions multiformes et absolument pas dogmatiques. C’est excellent !
Par ailleurs, c’est une grande satisfaction de voir des jeunes chercheurs comme François Schneider et Fabrice Flipo à la manœuvre, en présence de personnalités plus chevronnées.
Il y a une relève. C’est d’ailleurs significatif que nous n’ayons vu que peu de chercheurs formés dans les années 1980 et 1990, génération « sacrifiée » à l’idéologie du productivisme et de la croissance à tous crins.
Distinguez-vous des percées théoriques ?
Le plus important, c’est que cette rencontre ait eu lieu, et qu’elle ait rassemblé et conforté des chercheurs qui travaillent souvent isolés, en marge de leur communauté professionnelle, privés de reconnaissance officielle depuis toujours.
Beaucoup de communications sont très intéressantes, même si certaines sont inachevées. Il s’agit d’un projet de recherche à ses débuts, multidisciplinaire – économie, social, écologique… –, quand les économistes ont du mal à sortir d’un économisme un peu étriqué face à ce qui constitue un problème de civilisation. Je suis par exemple assez déçu par la réécriture du programme du PS, dont le centre de gravité reste l’économie monétaire. Lors de ce colloque, la diversité des approches a bien montré qu’une nouvelle vision du monde s’élabore, ouverte sur des questions démocratiques et politiques. Ce qui s’élabore ici, c’est une nouvelle théorie du changement, à la fois politique, économique, écologique, etc.
Les Verts ont failli vous choisir pour candidat à la présidentielle. Avez-vous toujours des projets pour ce parti ?
Oui, je n’ai pas renoncé à jouer un rôle dans la refondation de l’écologie politique, « de Hulot à Bové ». Nous comptons lancer des initiatives dans ce sens pendant le mois de mai, afin de bousculer un calendrier politique qui ronronne.