Ensemble contre la réforme Darcos

Parents, enseignants et élèves étaient plus de 200, vendredi 30 mai, devant la mairie du XXe arrondissement à Paris, à manifester pour la défense de l’école primaire.

Politis.fr  et  Julie Azémar  • 1 juin 2008 abonné·es

Illustration - Ensemble contre la réforme Darcos

« Le bourrage de crâne, c’est bon pour les ânes, nous les petits bonhommes, contre le service minimum » . A 18h, les slogans fusent dans le cortège qui vient de se réunir. Partis une heure plus tôt des quatre coins du XXe arrondissement de la capitale, les manifestants dressent, sur la place Gambetta, le bilan d’une semaine vive en protestations. Des enseignants en grève reconductible aux parents qui occupent les écoles, un front uni est en train de se constituer. La liste des établissements en colère grandit chaque jour : Lesseps, Cour des Noues, Réunion, Fontarabie, Mouraud, Pyrénées Maraîchers, Marise Hilsz… « Les gens commencent à comprendre et à s’unir. Les parents posent des questions, décortiquent la réforme. Nous espérons que les occupations d’écoles fleurissent la semaine prochaine » , explique Samia, enseignante porte de Montreuil.

Les parents soutiennent les enseignants

A l’école Lesseps, le directeur, Dominique David, n’a plus de bureau. Quand il parvient à y entrer, c’est pour récupérer ses messages : « Les parents sont là depuis jeudi. Je ne peux pas répondre au téléphone » . C’est donc Sabrina, Isabelle, Laure ou Nezha, les parents d’élèves, qui s’en chargent. Pour organiser cette « occupation administrative » , ils ont dressé un planning de présence.

Illustration - Ensemble contre la réforme Darcos


Photos : Julie Azémar

Patrick Henry, le papa de Clara et de Camille, adhère à cette initiative. Pour lui, « prendre le relais des profs s’impose. Ce n’est pas un mouvement corporatiste. Ils se battent pour les enfants. Avec les nouveaux programmes, ils vont se retrouver dans une situation où ils ne pourront pas remplir leur rôle d’enseignant, sans compter le nombre d’enfants que la réforme va laisser sur le carreau. On n’est pas réactionnaires mais on ne peut pas accepter cette réforme bâclée à la hussarde » . J-B, instituteur en classe préparatoire, s’insurge contre le danger pédagogique imminent : « La vision passéiste de la réforme va remettre l’évaluation au centre du dispositif et enterrer l’apprentissage. Ce retour au par coeur est dangereux. On passe de l’école pour tous à celle du chacun pour soi » .

L’inspection académique traque les grévistes

Dans cette lutte, ce sont les parents qui s’expriment librement. Les enseignants, eux, sont sous pression. Et les directeurs d’école n’ont pas le droit de communiquer avec les journalistes sous peine de révocation. Mardi 29 mai, Danièle Chambrun, directrice de l’école Binet A, a été tancée par Edouard Rosselet, l’inspecteur d’Académie de Paris, pour avoir critiqué la réforme face aux caméras de Rue89. Une autre pratique courante relève clairement de la délation : l’inspection académique appelle régulièrement les directeurs pour qu’ils donnent les noms des grévistes. Cette chasse aux enseignants ne stoppera pas l’ardeur des parents et des instituteurs qui annoncent un retour au front dès ce lundi.

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