Soustrait à l’oubli

Le destin tragique du fils d’Alfred Döblin, mathématicien génial ayant fui le nazisme.

Jean-Claude Renard  • 12 juin 2008 abonné·es

«Il y a des histoires qui forment des lignes régulières et ininterrompues. Et il y a des histoires courtes, à rebondissements. Il y a des vies qui forment des lignes courtes, des lignes qui s’interrompent, se croisent avec d’autres lignes ; elles se singularisent, se rejoignent, se séparent comme par hasard ou apparemment comme par hasard, d’autres qui partent dans le vide pour rebondir plus tard, ailleurs.»

Ouvrant ce documentaire de Jürgen Ellinghaus et Hubert Ferry, les propos collent à leur auteur avant de livrer son histoire. Celle d’un homme, Wolfgang Döblin, fils de l’écrivain Alfred Döblin, juif, antinazi, ayant fui l’Allemagne dans les années~1930. Wolfgang est naturalisé français, soutient sa thèse en mathématiques sur les probabilités. En 1938, il est incorporé en «soldat Vincent Doblin». Au cours de la drôle de guerre, il est stationné entre les Ardennes et la Lorraine. Dans l’attente, il rédige un carnet de notes et d’équations. À l’arrivée des soldats allemands, en juin~1940, le fantassin se suicide. Ouvert en 2000, le fameux carnet a révélé un novateur génial du calcul probabiliste. Les documentaristes ne s’attardent pas sur le suicide, et s’attachent à retracer une existence prise dans les affres de l’antisémitisme des années~1930.

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