Bordeaux (Gironde), 26 juin, 55 personnes
dans l’hebdo N° 1012-1014 Acheter ce numéro
Il s’agissait de la 2e réunion du groupe « appel de Politis 33 ». Lors de la précédente réunion, trois points principaux faisaient débat : la question des objectifs structurels et organisationnels, celle du projet politique et, enfin, les élections européennes. Comme il était impossible de traiter les trois points, ils ont été mis au vote afin que nous puissions mettre en œuvre une méthode de travail proposée par Michel Ducom, du Groupe français d’éducation nouvelle (débats en petits groupes et restitution puis débat général).
Le point 2 a été choisi : le projet. Cinq groupes se sont formés spontanément. Ils ont travaillé durant quarante-cinq minutes et nommé un rapporteur qui a lu la synthèse des débats devant les 55 participants.
Dans plusieurs groupes, il a été difficile de s’en tenir au point 2, tant le point 1 est imbriqué dans le 2, voire le « précède ». Certains thèmes ont été traités par les 5 groupes ou, au moins, par 3 d’entre eux… D’autres points ont été abordés par un seul groupe.
Ce qui se dégage plus largement :
• Il existe une différence importante entre le projet et le programme. La seconde notion est trop connotée comme appartenant aux partis institutionnels. Un programme, c’est figé, intangible, exigeant une forme d’obéissance. Un projet nous convient mieux car plus souple, plus évolutif et incluant l’objectif organisationnel. De plus, cela permet d’y parler de l’action à mener.
• La question de l’orientation « anticapitaliste ou antilibérale » du projet soulève des débats. Il n’y a pas de consensus sur ce point : il faudra travailler la question.
• La décroissance. Tout le monde s’interroge sur le sujet, mais les réponses sont variées. Ce qui fait consensus, c’est que cette question est capitale.
• L’urgence sociale et écologique : il est impossible de dissocier ces questions, qui sont liées.
• Face à ces urgences : organiser la résistance devant l’actuelle destruction des acquis sociaux, de la planète et de la démocratie. Tout est interdépendant.
• Compte tenu de notre diversité, de nos cultures politiques différentes, de nos priorités, pas toujours situées sur les mêmes aspects des destructions ci-dessus citées, comment travailler ensemble ? Définir un « périmètre politique » qui permette ce travail. Qu’est-ce qui est « négociable » ? Qu’est-ce qui ne l’est pas ? Quelles alliances sont acceptables ? Lesquelles ne le sont pas ? Définir des lignes d’unité (plutôt que de rupture) entre nous, dans le cadre d’un projet évolutif.
• Proposer dans l’immédiat des actions concrètes de défense du service public, du système de santé, du ferroutage, de l’eau, des retraites par répartition, de la lutte contre le chômage, bref, de prise en compte des urgences sociales et écologiques qui sont indissociablement liées. […]
Un débat général en seconde partie de réunion a dégagé les conclusions suivantes, en vrac :
• Nous n’avons pas vocation à être un parti mais un rassemblement.
• Ne pas hésiter à entamer un processus d’expériences alternatives (Amap, par exemple), ce qui n’empêche pas de continuer la lutte au niveau global.
• Nécessité de trouver un nouveau paradigme, un nouveau « grand récit » qui touche, qui donne envie, comme autrefois « le grand soir » a pu jouer ce rôle mobilisateur, donner espoir. La lutte contre le productivisme et pour sauver la planète pourrait être la nôtre.
• Il va de soi que si, chemin faisant, il s’agit de battre la droite, si cela est nécessaire, ce n’est pas suffisant : la résistance ne suffit pas, il faut réaffirmer nos valeurs (et, bien sûr, les définir avant !).
• La démocratie représentative, qui est largement « dégénérée », n’est plus vraiment un outil fiable pour nous.
• Prendre le pouvoir en n’en changeant pas la nature ? On retombera vite dans les mêmes ornières… Il nous faut inventer autre chose… Question du dépassement du capitalisme…
• Nécessité d’affirmer a minima une ligne de rupture claire avec le libéralisme économique.
• Nous sommes issus de cultures politiques différentes : il faut nous confronter, discuter, travailler, produire des textes argumentés (en finir avec les affirmations).
• Travailler la question : anticapitalisme/antilibéralisme.
• Travailler la question du lien écologie/social.
• Travailler la question croissance/décroissance.
• À l’automne, se posera la question de la convergence des luttes sociales qui devront être portées par le mouvement politique… Nous devons nous y préparer.
Enfin, lors de la précédente réunion, nous avons organisé le fonctionnement provisoire ainsi : à chaque réunion, un comité technique (CT) d’organisation est désigné, qui comprend quatre anciens (appartenant au précédent comité technique) et quatre nouveaux, et ainsi de suite. Ce CT est mandaté pour organiser la prochaine réunion (lieu, réservation de salle, date, ODJ, questions pratiques à régler, etc.). Cela met en cohérence nos valeurs et nos pratiques organisationnelles.
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