Eau s’en fout
dans l’hebdo N° 1010 Acheter ce numéro
Public, le sais-tu ? Tu es consulté, tu as encore jusqu’au 15 octobre pour t’exprimer sur les nouveaux Schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE), ainsi que sur les « programmes de mesures » où sont énumérés les travaux à réaliser et leur coût pour atteindre un « bon état » des eaux en 2015, comme la directive cadre européenne sur l’eau (DCE) l’impose aux États membres. En 2004, quand ce texte fut transposé en droit français, chaque bassin a réalisé un état des lieux pour identifier les grandes causes de la dégradation des eaux et des milieux. À la suite de quoi, chaque comité de bassin [^2] a établi la liste des problèmes importants à traiter.
Public, le sais-tu ? La convention européenne d’Aarhus, en vigueur depuis octobre 2001 et signée par la France, impose d’impliquer les citoyens dans les questions environnementales. Dans cet esprit, ces listes de problèmes ont été soumises à l’avis des citoyens, en 2005, sous forme de questionnaire. Ces contributions devaient ensuite être utilisées par les comités de bassin pour faire évoluer leurs propositions initiales. Cette prise en compte fut-elle satisfaisante ? Pas vraiment.
Il faut dire que cet exercice de démocratie directe, original et novateur, n’avait pas recueilli un grand succès. Il est même passé quasiment inaperçu ! La communication nationale qui devait le soutenir a été déficiente, se résumant à une conférence de presse du ministre de l’Écologie, boudée par les grands médias, et à la projection de spots télévisuels tellement fugaces qu’ils en étaient invisibles.
La consultation actuelle – lancée le 15 avril – est en quelque sorte une mise à jour de celle de 2005. Avec la même mécanique fruste, qui devrait donc conduire à des bénéfices équivalents : encore un questionnaire à remplir, que chaque habitant doit recevoir. Tous ne l’ont pas reçu. Pour d’autres, il est passé inaperçu, noyé dans les paquets de publicité, finissant à la poubelle. Passons… Car, le plus pénalisant, c’est une fois de plus l’absence de campagne nationale incitant les citoyens à s’investir dans la problématique « eau », tellement centrale ! Certes, les quelques spots repérés sur France Inter sont bien faits, mais tellement peu nombreux que l’on peut douter de leur efficacité finale. Plus grave encore, la conférence de presse du ministre de l’Écologie qui, à la mi-mai, annonçait l’événement est, comme en 2005, passée inaperçue. Et pourtant il s’agit d’un ministre d’État ! Plus fort encore, le président de la République a tenu à Orléans, le 20 mai dernier, un discours consacré au Grenelle de l’environnement : il ne fait référence à aucun moment à cette consultation du public. Le mot « eau » n’y figure même pas !
[^2]: Formé de trois collèges : élus, usagers et État.