Jeu de dupes ?
dans l’hebdo N° 1010 Acheter ce numéro
Le Président connaît mal ses dossiers. Le 24 avril, à la télévision, il avait déjà confondu « régularisation » et « naturalisation ». Le 30 juin, sur France 3, Nicolas Sarkozy est de nouveau dans l’erreur quand il prétend : « Nous sommes 27 démocraties en Europe. Savez-vous qu’un réfugié politique peut déposer 27 dossiers dans 27 pays ? Avoir 26 “non” pour obtenir un “oui” ? Je suis désolé, le “non” d’un pays doit valoir pour les autres. Le “oui” d’un pays doit valoir pour les autres. » Ce qui revient à tromper l’opinion en faisant l’impasse sur la convention de Dublin. Signée le 15 juin 1990 et suivie du règlement dit de « Dublin II » (2003), celle-ci stipule qu’un réfugié ne peut voir examiner sa demande d’asile que dans le pays où il a fait son entrée dans l’Union. Or, un grand nombre de réfugiés sont renvoyés, au nom de cette convention, dans des pays qui ne sont pour eux que des zones de transit. En outre, cette convention constitue une forme d’harmonisation des politiques européennes. Deux réalités que le Président fait mine d’ignorer – ou ignore vraiment ? – au moment où il envoie son ministre Brice Hortefeux défendre devant ses homologues européens son « pacte d’immigration » visant à « harmoniser les politiques dans l’Union ».
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Est-ce à dire que *« l’harmonisation nouvelle » est surtout un leurre pour faire passer l’idée selon laquelle les migrants illégaux profitent des largesses d’une Europe généreuse cependant que les migrants légaux attendent aux frontières que l’on fixe les règles d’une « immigration choisie » ? Le 7 juillet, à Cannes, où il était présenté, le pacte d’immigration brandi par la France avait déjà recueilli dans la matinée un « large accord » des ministres européens. Même de la part de l’Espagne, qui s’était pourtant montrée réticente. Visiblement, la stratégie fonctionne : sous couvert d’harmonie, la France est en passe de faire adopter un nouveau texte pour « protéger l’Europe » , et non les réfugiés. Une consolation : la commission Mazeaud s’apprête à rendre un rapport rejetant les quotas migratoires. Ils seraient « inefficaces ». Ouf !