Le bel été

C’est dans l’air du temps, glissant doucement vers les plages. France 5 opère un retour en arrière avec ce documentaire d’Emmanuel Descombes, sur les premières vacances de 1936. Un été, dans une année effervescente.
« Merci Léon », qui vient d’imposer quinze jours de congé, et payés ! Léo Lagrange gagne son bras de fer avec les patrons : c’est le « billet populaire de congé annuel ». 560 000 sont vendus. Le Louvre inaugure des nocturnes, les associations de « popularisation » se multiplient. On invente une petite toile de tente, la « Triganette », les premiers sacs à dos, les premiers centres pour mouflets, les stades se dressent, les piscines se creusent. Ça swingue, gave les trains, pédale en tandem, campe, entre Christophe Colomb et Robinson Crusoé, déboule sur les plages, du Tréport à Biarritz, sous la mine déconfite de la classe bourgeoise. Foin de l’air vicié des villes.

« Les vacances contribueront à l’amélioration de la race française » , dit-on aux Actualités, quand la presse de droite hurle au viol du territoire. D’une image à l’autre se déploie une curieuse impression, la collusion entre les saveurs d’une victoire sociale, une certaine insouciance et ce qui tombe déjà dru sur la gueule du monde, de Madrid à Barcelone, de Rome à Berlin.