L’ours : toujours pas sauvé
dans l’hebdo N° 1011 Acheter ce numéro
Le rapport d’évaluation « à mi-parcours » du plan de restauration (2006-2009) de la population d’ours dans les Pyrénées vient enfin d’être livré, avec plusieurs mois de retard.
La secrétaire d’État à l’Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, l’a présenté fin juin lors de la première réunion du « Groupe national ours », constitué pour favoriser le dialogue entre tous les acteurs concernés. Sans grande surprise, les anti-ours, l’ex-député ariégeois Augustin Bonrepaux et le député béarnais Jean Lassalle en tête, l’ont boycottée.
Les auteurs du rapport ont pourtant évité de faire un texte partisan, et rappellent que la préservation de l’ours est une obligation. Plusieurs éléments révèlent cependant une imprégnation idéologique insidieuse du discours des opposants. Par exemple, le Plan de sauvegarde de l’économie de montagne d’accompagnement du pastoralisme pyrénéen ne devra pas être explicitement associé à la cohabitation avec l’ours. Pourtant, les aides ne seraient probablement pas de cette ampleur sans la médiatisation liée au prédateur. De plus, des propositions sous-entendent qu’il faudra cantonner les ours à certaines zones. Les éleveurs le souhaitent ardemment, mais aussi les chasseurs. Or, les hommes et la faune se sont toujours côtoyés dans les usages du territoire pyrénéen. Faudra-t-il abattre les spécimens égarés d’une population ursine déjà faible ?
Enfin, ce rapport est imprégné d’une vision déformante opposant schématiquement les « Pyrénéens éleveurs » et les « environnementalistes urbains » nationaux. Pourtant, nombre de voix locales, y compris des agriculteurs, sont favorables à la cohabitation avec l’ours. La réintroduction d’ours en Béarn, depuis longtemps nécessaire, est à nouveau évoquée, mais sans calendrier précis [^2]. Notamment parce que la décision politique locale est verrouillée par Jean Lassalle et ses proches. Des ours espagnols, les plus proches génétiquement des ours pyrénéens, sont proposés, en écho à une « xénophobie » ursine accusant les individus slovènes précédemment introduits d’être plus voraces à l’endroit des brebis. Or, il s’agit de la même espèce d’ours brun… C’est plus systématiquement l’absence de gardiennage des troupeaux qui est en cause. En outre, les populations d’ours espagnols, avec seulement 60 à 80 individus dans les monts Cantabriques, sont elles-mêmes en danger. Vu la clémence des juges à l’encontre des chasseurs tueurs d’ours en France, après l’acquittement du tueur de Cannelle, il n’est pas acquis que les autorités ibériques souhaitent participer à une telle opération. La préservation de l’ours brun reste encore un objectif à confirmer dans notre pays.
[^2]: Les réintroductions de 1996 et 2006 n’ont concerné que les Pyrénées centrales.