Premiers pas du NPA

La première coordination nationale des comités locaux a lancé le coup d’envoi au processus constituant du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). Reportage.

Jean-Baptiste Quiot  • 3 juillet 2008 abonné·es

Olivier Besancenot affichait dimanche la satisfaction du devoir accompli. « Pour nous, le contrat est rempli. En 2009, il y aura un nouveau parti révolutionnaire avec lequel il faudra compter » , claironnait le porte-parole de la LCR en clôture de la première coordination nationale des comités du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). Selon lui, ces deux journées, qui ont rassemblé plus de 800 délégués NPA représentant les 300 comités créés dans les départements, en sont la « démonstration » : cet « énorme succès va au-delà de ce que nous pouvions imaginer ». Avec 10 000 militants selon Alain Krivine, le projet du NPA apporte la preuve de son attractivité.
Mais la LCR se devait aussi de démontrer l’indépendance du nouveau parti par rapport à sa propre influence. Au nom du comité de Toulouse, pour lequel il intervient, Loïc prévient : « Je ne suis pas à la LCR… » Cette phrase, répétée par des dizaines de délégués se succédant à la tribune pour raconter les premières expériences du parti en gestation, a résonné comme un gimmick dans le centre de congrès de la Plaine-Saint-Denis.
Ainsi, pendant le « débat général » de samedi, seulement un tiers de la cinquantaine de délégués intervenants étaient des militants de la Ligue. Même chose pour « le comité d’animation national provisoire » , mis en place par une « commission sur l’organisation du processus », et qui se substitue à la Ligue pour prendre les commandes du processus : sur les 60 membres désignés, seuls 20 représentent le bureau politique actuel de la Ligue. Enfin, pendant la conférence de presse, Olivier Besancenot était accompagné de « Vincent » et de Leila Chaibi, deux militants NPA.
Ces deux porte-parole provisoires n’étaient pas là simplement pour respecter cette nouvelle règle tacite du tiers. « Le NPA doit s’ancrer dans les entreprises car il existe un besoin réel de politique dans celles-ci » , a expliqué Vincent, syndicaliste à Peugeot Mulhouse, dont la présence veut témoigner de l’implication du monde ouvrier dans les comités. « Moi, je n’ai jamais pris ma carte à la LCR parce que je n’ai jamais lu Trotski, avoue la jeune Leila. Aujourd’hui, les jeunes veulent un projet global qui ne se réfère pas à des idéologies qui, moi, me dépassent complètement. »

La tradition de la Ligue de ne pas applaudir les interventions n’est plus non plus au goût du jour. Dans la salle où avait lieu le débat, certaines dents ont grincé alors que les applaudissements fusaient après chaque intervention. Celle d’ « un certain Olivier du comité du 92 et postier » , selon les mots de Thierry Herman, qui présentait les orateurs, a connu un franc succès. Il faut dire que le débatteur a voulu « cette fois-ci parler avec son cœur ». Margot, du comité d’Alençon, s’est quant à elle réjouie de « l’osmose parfaite entre les militants de la LCR et les militants NPA » . Alors que Christian, du comité de Nancy, a regretté que « nous soyons dans une intégration à la LCR et pas encore dans le processus constituant même » . Mais, selon les comités et leur date de création, les rythmes diffèrent. François, du comité de Pessac, est impatient : « On discute depuis trop longtemps. Il faut passer au concret, sinon les gens vont commencer à s’ennuyer. » Un militant du comité jeunes de Bordeaux pense au contraire que « ça va trop vite ! On ne va pas commencer à parler de programme, d’adhésions et de financement, sinon on risque de briser l’effervescence actuelle ».
Les commissions de travail qui ont succédé au débat ont néanmoins posé les premiers jalons du processus. Il en résulte une déclaration finale qui appelle à « construire une gauche de combat » et un « parti totalement indépendant du Parti socialiste ». Le congrès de fondation est repoussé de décembre 2008 à fin janvier 2009, et il est décidé que le nouveau nom du parti sera choisi à ce moment-là par un vote à la majorité.
D’ici là, une prochaine réunion des comités devrait avoir lieu à l’automne, et, surtout, la LCR ouvrira ses portes en août aux militants du NPA pour la dernière journée de son université d’été.

Politique
Temps de lecture : 4 minutes

Pour aller plus loin…

Congrès PS : sauver ou dégager Olivier Faure ? Les socialistes à fond les manœuvres
Politique 22 novembre 2024 abonné·es

Congrès PS : sauver ou dégager Olivier Faure ? Les socialistes à fond les manœuvres

Les opposants au premier secrétaire du parti tentent de rassembler tous les sociaux-démocrates pour tenter de renverser Olivier Faure. Mais le patron des roses n’a pas dit son dernier mot. Au cœur des débats, le rapport aux insoumis. Une nouvelle fois.
Par Lucas Sarafian
2026 : un scrutin crucial pour les quartiers populaires
Quartiers 20 novembre 2024 abonné·es

2026 : un scrutin crucial pour les quartiers populaires

Assurés d’être centraux dans le logiciel insoumis, tout en assumant leur autonomie, de nombreux militant·es estiment que 2026 sera leur élection.
Par Hugo Boursier
« Les municipales sont vitales pour que La France insoumise perdure »
Élections municipales 20 novembre 2024 abonné·es

« Les municipales sont vitales pour que La France insoumise perdure »

L’historien Gilles Candar, spécialiste de la gauche et membre du conseil d’administration de la Fondation Jean-Jaurès, analyse l’institutionnalisation du mouvement mélenchoniste et expose le « dilemme » auquel seront confrontés ses membres aux élections de 2026 : l’union ou l’autonomie.
Par Lucas Sarafian
Municipales 2026 : LFI à la conquête des villes
Enquête 20 novembre 2024 abonné·es

Municipales 2026 : LFI à la conquête des villes

Le mouvement insoumis prépare son offensive pour remporter des mairies aux prochaines municipales. Des élections qui engagent un bras-de-fer avec les socialistes et légitimeraient la stratégie de Jean-Luc Mélenchon sur l’abstentionnisme et les quartiers populaires.
Par Lucas Sarafian