Débats tous azimuts

Plusieurs rendez-vous importants vont façonner le visage de la gauche dans les mois qui viennent. À côté des congrès du PS et du PCF, la gauche de transformation sociale et écologique cherche sa voie.

Michel Soudais  • 11 septembre 2008 abonné·es

Cet automne, les deux partis historiques de la gauche ont rendez-vous avec l’histoire. Le parti socialiste et le parti communiste tiennent en effet chacun de leur côté un congrès crucial. Autant pour eux-mêmes que pour l’avenir de la gauche dans son ensemble.
De sa défaite à l’élection présidentielle – la troisième consécutive –, le PS aurait pu conclure que sa ligne d’accompagnement de la mondialisation libérale était suicidaire. Mais le congrès de Reims arrive tard. Le bon succès de ses candidats aux municipales et aux cantonales de mars 2008 a effacé 2007 et renforcé le poids des grands élus locaux. Si bien qu’à l’issue de ce rendez-vous, mi-novembre, on saura si le PS a définitivement accompli la mutation qu’ont déjà opérée la quasi-totalité des partis socialistes et sociaux-démocrates européens ou si celle-ci est ajournée. Car, pour l’heure, les prétendants les plus probables à la succession de François Hollande ne divergent que sur le rythme des aggiornamentos idéologiques, stratégiques et organisationnels, qui amèneront le PS à ressembler au Parti démocrate italien de Walter Veltroni, qui reste, malgré son échec électoral et politique, le modèle le plus couramment invoqué. Et ceux qui refusent cette évolution – il en est : Henri Emmanuelli, Marie-Noëlle Lienemann, Gérard Filoche, Marc Dolez ou Jean-Luc Mélenchon – non seulement ne paraissent pas en mesure de la contrecarrer, mais risquent fort de perdre leurs dernières marges de manœuvre. Le sénateur de l’Essonne le dit sans détour dans l’entretien qu’il nous a accordé (page 10).

La situation du PCF présente au moins une similitude avec celle du PS. Depuis 2007, « Fabien », comme « Solferino », s’est employé à gagner du temps. Après son score calamiteux à l’élection présidentielle (1,93 %), Marie-George Buffet avait promis un débat interne « sans tabou » où toutes les idées, y compris l’abandon de la référence au communisme, auraient droit de cité. Toutefois, au fil du temps, et surtout après des municipales décevantes habilement interprétées comme le signe d’une remontée de l’influence communiste, les ambitions ont été revues à la baisse.
Conforme au souhait de Mme Buffet, qui estime que son parti « doit changer sans se perdre » , le texte adopté samedi par le conseil national du PCF (88 voix pour, 7 contre, 29 abstentions) pour cadrer les débats du congrès de décembre se contente de petits pas. Il propose ainsi de trancher en faveur de « transformations du PCF » plutôt que « la constitution d’un autre parti aux contours incertains » . Oubliée, la tentative de rapprochement avec les antilibéraux qui a pu faire croire que le PCF hésitait sur ce que Mme Buffet présente aujourd’hui comme « un positionnement gauchiste » ! Autre pas en arrière : alors qu’elle avait exprimé à plusieurs reprises, depuis 2007, le souhait de « se retirer » de la direction, Marie-George Buffet n’exclut plus de briguer un nouveau mandat à la tête du parti. Elle annoncera sa décision au plus tard le 24 octobre.

Cet immobilisme heurte les Communistes unitaires, dont les représentants n’ont pas pris part au vote : « Ce congrès n’est pas le nôtre », estime Pierre Zarka. L’immobilisme est le plus sûr moyen d’enterrer le PCF, avertit en substance Marie-Pierre Vieu, qui plaide avec d’anciens proches de Robert Hue pour une « métamorphose » de son parti. Le débat n’est donc pas encore clos.
Il l’est d’autant moins que plusieurs initiatives travaillent à remodeler la gauche. Il y a d’abord le Nouveau Parti anticapitaliste en gestation. La direction nationale de la LCR a fait un pas supplémentaire vers sa création en décidant, le week-end dernier, de dissoudre son organisation quelques jours avant le congrès constitutif du NPA, prévu en janvier.

Un autre regroupement se dessine : après les Alternatifs, les Communistes unitaires et les courants et organisations de l’écologie radicale, rassemblés fin août à Miremont ( Politis n° 1016), qui se sont exprimés en faveur d’un premier rassemblement au sein de la gauche de transformation sociale et écologique – celui-ci pourrait prendre la forme d’une fédération regroupant des militants et des militantes aujourd’hui membres ou non de diverses structures –, la Coordination nationale des collectifs unitaires a invité le week-end dernier les collectifs à se saisir de ce débat. Elle les a aussi engagés « à participer à la construction de cadres unitaires dans le plus de localités possibles » autour de l’Appel de Politis.
La première réunion nationale des signataires de cet appel, qui se tiendra le 11 octobre à Gennevilliers (Hauts-de-Seine), sera un moment fédérateur pour tout cet espace politique.

Politique
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