Du sabre au nucléaire

Une histoire de l’armée française, de la Révolution à aujourd’hui. Pas antimilitariste mais critique.

Jean-Claude Renard  • 11 septembre 2008 abonné·es

L’histoire commence avec une galerie de formules : « Si tu veux la paix, prépare la guerre. » Ou : « La France s’est faite à coups d’épées. » Végèce et de Gaulle. C’est assez pour donner le ton d’une histoire de l’armée française, de 1789 à aujourd’hui. Du sabre au nucléaire. De la Révolution à la mondialisation. Sous Louis XVI, les fils de la noblesse brillent à l’épée, seuls admis à intégrer les grands corps d’une armée professionnelle. Dans les rangs, la contestation monte avec les premières révoltes populaires. Après quoi, de royale, l’armée devient celle du peuple. Dans la foulée, Bonaparte réforme la marine, crée les écoles militaires. Waterloo tombe, Louis XVIII renouvelle. Une conscription se met en place, conçue sur le tirage au sort. Les bourgeois monnayent les remplacements par des gugusses… Affaire tacite. Puis l’armée se fonctionnarise, face au maintien de l’ordre social. C’est une porte ouverte aux exactions, à la répression de toute insurrection, avec celle de 1848 pour commencer.

Quatre volets pour cette histoire pliée aux guerres mais aussi à la République. À vrai dire, il y a plusieurs histoires de l’armée française. Au-delà des défaites, au-delà des victoires. On aurait pu craindre un récit totalement édulcoré, fait de médailles et de bravoures. Ce n’est pas vraiment le cas. Le documentaire n’est évidemment pas antimilitariste. Mais de l’affaire Dreyfus aux mutineries de la Grande Guerre, de l’antisémitisme de l’armistice à la guerre d’Algérie, les torts et travers de l’institution ne sont pas évités.
Constitué d’archives, gorgé d’illustrations, ce film possède ses hauts et ses bas. Dans ses hauts : la période étirée de la Commune à la Grande Guerre. Quand se met en place le concept de nation, quand la conquête du monde se déploie dans la négation de l’autre, quand l’armée se construit d’Africains, de Malgaches, de Maghrébins, d’Indochinois, quand l’édification des casernes a valeur de moteur économique. Le nerf de la guerre.

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