La jungle de l’asile
dans l’hebdo N° 1018 Acheter ce numéro
Mieux contrôler les frontières.
Tel était le message défendu par
Brice Hortefeux, ministre de l’Immigration, alors qu’il présidait la conférence ministérielle européenne consacrée au droit d’asile les 8 et 9 septembre à Paris, en présence de ses vingt-six homologues européens et de représentants des associations. « L’asile n’est pas, et ne sera jamais, une variable d’ajustement de la politique d’immigration » , a-t-il déclaré. En vue du projet de Pacte européen sur l’immigration et l’asile, il a engagé ses partenaires à mieux accueillir et protéger les étrangers persécutés dans leur pays, tout en « décourageant, avec discernement, les demandes abusives ».
Voilà qui ne manquait pas d’ironie après la publication, le 4 septembre, par la Coordination française pour le droit d’asile (Cafda), d’une enquête intitulée « La loi des “jungles” », visant à « ouvrir les yeux des responsables politiques sur la situation des exilés » . Quid de la responsabilité de l’État vis-à-vis des réfugiés séjournant dans des conditions déplorables sur les côtes françaises depuis la fermeture de Sangatte en 2002 ? interroge la Cafda. Réponse du ministre : « Ces personnes ne cherchent pas à séjourner en France. »
Ils seraient actuellement environ 1 500 Afghans, Érythréens, Éthiopiens, Irakiens, Somaliens et Soudanais échoués sur le littoral. Après avoir été rejetés par tous les pays qu’ils ont traversés, ils cherchent une terre d’accueil en Europe. « Ces migrants ont des droits ! », rappelle le Secours catholique, membre de la Cafda. Or, « ils n’ont pas de réel accès au dispositif d’hébergement d’urgence ; le dispositif d’accueil des mineurs isolés étrangers est saturé et inadapté ; enfin, l’information sur l’asile manque cruellement de visibilité comme l’accès à la procédure, qui fait l’objet de mesures dissuasives ». Du coup, très peu déposent une demande d’asile alors que la majorité aurait « de très bonnes raisons d’aspirer à une protection » , d’après la Cafda. Mais, sans demande d’asile, ils restent à l’écart des exilés que veut bien protéger le ministère. Qui s’en désintéresse alors ouvertement.