« Nos enfants nous accuseront »
dans l’hebdo N° 1024 Acheter ce numéro
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Il y a beaucoup, dans le titre du documentaire militant de Jean-Paul Jaud, toute son intention, presque trop : un cri d’alarme, un engagement personnel, la volonté de culpabiliser. Car les adultes de 2008 ne sauront pas expliquer l’inexplicable à leur descendance : comment on a empoisonné la terre et l’eau pour produire des aliments toxiques que l’on soupçonne d’être l’une des causes de l’épidémie de cancers contemporaine – notamment chez les enfants, sinistre nouveauté !
Le réalisateur assume donc, forçant parfois la démonstration binaire. Le viticulteur bio, paisible car « sauvé », confesse son collègue « chimique », regard perdu et gorge nouée : son fils a eu une leucémie, lui-même connaît des désordres neurologiques, pour avoir été soumis aux effluves de « bombes » pesticides en vente libre. C’est pourtant la réalité, et c’est un mérite que d’avoir obtenu des témoignages de qualité de la part de ce monde paysan taiseux sur un drame dont il est le premier cobaye.
Mais l’essentiel du message est ailleurs : Jean-Paul Jaud conte une fable touchante, celle de Barjac, village gardois dont le maire convertit la cantine municipale au bio. Une année de tournage qui révèle une contamination à rebours : les enfants veulent du bio à la maison aussi ! Et les adultes de se convertir. À commencer par le cuistot, qui ne veut pas redevenir « ouvreur de boîtes ». Ou ces mères qui reconnaissent que la bio, plus chère, les incite à une saine attention. « Avant, le frigo était bourré de superflu. Aujourd’hui, on se sent moins con. »