Parutions
dans l’hebdo N° 1024 Acheter ce numéro
Attention, classes dangereuses !
Depuis plus de dix ans, nombre de lois ont été votées mettant en place un « contrôle social renforcé des populations en situation de marginalité » : pauvres, chômeurs, exclus se voient désormais « désignés comme responsables de leur situation et comme des délinquants en puissance » . Une équipe de chercheurs, militants syndicaux et responsables politiques, engagés au sein de la Fondation Copernic, publie aujourd’hui un livre remarquable afin de contribuer à la « compréhension de ce processus » , pur produit de l’idéologie libérale aboutissant à une « véritable régression sociale ».
L’Indigent et le Délinquant. Pénalisation de la pauvreté et privatisation de l’action sociale, Michel Chauvière, Didier Gelot, Catherine Lebrun, Benjamin Poiret, Évelyne Sire-Marin et Mylène Stambouli, Fondation Copernic/Syllepse, 144 p., 8 euros.
Les foyers Sonacotra
À travers cinquante ans d’existence de la Sonacotra, Marc Bernardot, spécialiste de sociologie historique de l’administration française, analyse les modes de contrôle des populations migrantes via les foyers de cette société d’économie mixte née pendant la guerre d’Algérie : « modèle paternaliste et raciste », elle connaîtra la plus longue mobilisation politique des étrangers en France au cours des années 1970, lors de la fameuse « grève des foyers ». En dépit de réformes durant les dernières décennies, elle demeure aujourd’hui un « lieu central de la vie des immigrés en France ». Un livre important sur cet univers marqué généralement par son invisibilité au sein de la société française.
Loger les immigrés. La Sonacotra (1956-2006), Marc Bernadot, Éditions du Croquant, « Terra », 310 p., 22 euros.
L’angoisse du guichet
On se souvenait du remarquable ouvrage d’Alexis Spire sur les agents chargés du contrôle de l’immigration après la Seconde guerre mondiale, Étrangers à la carte. L’administration de l’immigration en France de 1945 à 1975 (Grasset, 2005). Le sociologue a poursuivi jusqu’à aujourd’hui son travail en observant le fonctionnement de ces guichets présents dans toutes les préfectures de France, véritables « machines à trier les étrangers » . Il montre notamment leur évolution depuis l’adoption des dernières lois sécuritaires et les discours de Nicolas Sarkozy prônant une immigration « choisie ». Un petit volume qui glace de honte son lecteur.
Accueillir ou reconduire. Enquête sur les guichets de l’immigration, Alexis Spire, Raisons d’agir, 128 p., 7 euros.