« Des contre-propositions rouges et vertes »

Le congrès du mouvement Les Alternatifs s’est tenu à Lyon du 7 au 9 novembre. Son porte-parole, Jean-Jacques Boislaroussie, en explique les enjeux et souligne la nécessité de fédérer la gauche alternative en prévision des échéances électorales de 2009.

Jean-Baptiste Quiot  • 6 novembre 2008 abonné·es

Que représente votre mouvement aujourd’hui ?
Jean-Jacques Boislaroussie : Les Alternatifs comptent 600 adhérents. C’est peu, mais nous sommes en progression régulière, et présents de manière significative dans une trentaine de départements. Nous comptons une cinquantaine d’élus, à Nantes, Grenoble ou Dunkerque mais aussi dans des banlieues populaires comme Vaulx-en-Velin.
Nous existons depuis dix ans et si, au départ, nos élus étaient issus d’alliances contractées dans le cadre de l’union de la gauche, les listes sur lesquelles nous nous trouvions aux dernières municipales étaient surtout construites avec la LCR ou avec le PC. Enfin, notre journal Rouge et Vert est distribué à 1 500 exemplaires.

Qui sont les militants alternatifs ?
Le mouvement des Alternatifs amalgame des traditions anciennes et des engagements plus récents autour de l’écologie. Il a plusieurs racines militantes. Une racine issue de ce que j’appellerais le « PSU de gauche », c’est-à-dire davantage la version autogestionnaire de Piaget que celle de Rocard. Puis il y a eu un petit apport lors d’une des nombreuses crises du Parti communiste. Aujourd’hui, le phénomène de rajeunissement du mouvement se fonde sur des sensibilités écologistes radicales et décroissantes. Un des enjeux du congrès est précisément que nous espérons y voir un renouvellement générationnel parmi les responsables du mouvement.

Sur quels thèmes portent les débats de ce congrès ?
Il s’agit de travailler tout d’abord sur le projet alternatif. Notamment sur un segment habituellement peu traité de celui-ci. Généralement, en effet, la logique consiste à se situer sur le terrain des revendications immédiates et, dans le même temps, à prôner un projet à long terme qui vise la transformation de la société. Nous, nous voulons insister sur la dimension intermédiaire. Il existe des résistances très concrètes et diverses, que ce soient des micro-alternatives de type alter-consommation ou des questions plus ambitieuses comme la défense des services publics. Il faut essayer de mettre ces résistances en perspective avec la question de la globalisation des mobilisations sociales. Comment articuler l’attitude défensive immédiate et légitime avec un certain nombre de contre-propositions à la fois ­rouges et vertes ? Il est indispensable de dépasser les diverses formes d’enfermement sectoriel et d’éviter le « chacun dans son coin » du consommateur, du salarié, de l’usager ou du citoyen.
Le congrès portera aussi sur la question de la constitution d’une gauche de gauche et écologique, à la fois efficace et cré­dible aux yeux de la société. C’est ce créneau qui est utilement occupé par l’Appel de Politis, même si le lien entre les propositions et la pratique ne va pas forcément de soi.

Comment cela se traduit-il en termes de force politique ?
Cette question est l’un des enjeux de 2009 : comment construire une fédération de la gauche alternative qui réunira les courants, les organisations politiques et les militants ? Le but est de trouver une configuration qui ne rabote pas les identités des uns et des autres mais qui ne limite pas non plus l’engagement politique aux seules composantes organisées qui pourraient s’y retrouver. Même s’il existe de la concurrence entre les projets, celle-ci ne doit pas être prédatrice. Il serait par ailleurs nécessaire que la gauche du PS, le PC et le NPA s’y associent. Nous souhaitons qu’aux élections européennes ­toutes les forces arrivent à converger.

Quel rôle vous assignez-vous dans la construction de cette convergence ?
C’est peut-être à nous d’impulser cette nouvelle composante politique et d’en poser les premiers jalons, puisque notre congrès aura lieu avant ceux des autres forces. Par ailleurs, dans la conjoncture actuelle, qui voit une certaine radicalité réactivée par l’ampleur de la crise, notre rôle est également de rappeler que le « sauve-qui-peut économique » ne doit pas conduire à relativiser l’importance de la crise écologique. Les deux domaines sont indissociables. Et puis, dans cet espace de gauche alternative qui connaît une extrême difficulté quand il s’agit de passer à la pratique de manière organisée et coordonnée, nous avons tous les avantages d’une petite organisation politique.
Nous pouvons apporter nos acquis organisationnels mais aussi des acquis politiques autour de la thématique « rouge et verte », de l’autogestion et de l’engagement altermondialiste. Nous sommes en effet probablement la composante politique la mieux investie dans ces domaines.

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