L’ANPE proteste contre la fusion avec les Assedic
dans l’hebdo N° 1029 Acheter ce numéro
En l’espace de quelques mois, le gouvernement a profondément remanié le paysage institutionnel du placement des demandeurs d’emploi en France. La mise en place dès le 1er janvier 2009 de Pôle emploi, le nouvel opérateur issu de la fusion entre les ANPE et les Assedic, est censée « simplifier les démarches des demandeurs d’emploi, rénover l’offre de service, déployer plus d’agents au service des usagers, grâce aux synergies permises par la fusion ». La ministre de l’Économie, Christine Lagarde, l’a confirmé au Comité supérieur de l’emploi : « Nous devons pouvoir affecter un conseiller au service de trente demandeurs d’emploi, pour ceux d’entre eux qui requièrent un tel accompagnement renforcé. »
Or, rien de tout cela n’est en œuvre à un mois du lancement de Pôle emploi. La grève « exceptionnelle et massive » des personnels de l’ANPE (50 à 70 % de grévistes, selon les syndicats) révèle une situation catastrophique. Les syndicats, pour une fois unanimes, protestent contre les conditions de mise en œuvre de la fusion, qualifiée « d’opaque, compulsive et politicienne contre le personnel et les usagers » par le SNU-ANPE.
Le nouvel organisme ne réunira que 40 000 agents alors qu’il en faudrait au bas mot 60 000, a relevé la commission des finances du Sénat. Les conseillers croulent sous les dossiers de suivi mensuel personnalisé, dépassant souvent les 200 dossiers traités (la moyenne européenne étant entre 25 et 30 en Grande-Bretagne et en Suède). Les effectifs sont soumis à une précarité de plus en plus forte. Les syndicats, y compris les plus réformistes, dénoncent en interne une volonté de « radier les demandeurs d’emploi et de ne plus avoir les moyens de recevoir les usagers avec la dignité qui leur est due ».
Comme l’a rappelé la Cour des comptes dans son rapport annuel 2008, cette fusion n’a de sens que dans la réalisation d’un objectif d’amélioration du service rendu aux usagers, et surtout d’un accompagnement renforcé des demandeurs d’emploi. Or, on en est loin.