Le capitalisme de Madoff
dans l’hebdo N° 1031 Acheter ce numéro
Bernard Madoff, ex-patron du Nasdaq, homme aux nombreux amis dans la finance et dans les clubs huppés new-yorkais, est désormais affublé du titre de roi de l’escroquerie. Le prestigieux fonds spéculatif de ce ponte de la finance américaine s’est écroulé comme un château de cartes. Les pertes s’élèveraient à 50 milliards de dollars. La moitié des investisseurs étaient des fonds spéculatifs, le reste de la clientèle étant constitué de banques et de fortunes privées qui ne se sont pas encore fait connaître.
L’affaire Madoff devient ainsi le scandale financier le plus important du moment, reposant sur une technique bien connue : promettre des rendements rapides et juteux à des clients tout en puisant dans les dépôts de nouveaux clients pour verser ces rendements. La fraude de Bernard Madoff n’a rien à envier à celle imaginée par Charles Ponzi dans les années 1920. Elle a d’ailleurs été baptisée « chaîne de Ponzi » ou « pyramide de Ponzi » et est devenue un cas d’école qui a suscité de nombreux imitateurs.
L’économiste Thomas Coutrot rappelle dans Politis (n° 996, du 3 avril) avec une certaine prémonition que « le parallèle est évident entre la chaîne de Ponzi et le système financier actuel », et souligne que, dans les salles de marché des grandes banques, « exactement la même technique est largement utilisée sous le nom d’“arbitrage” » pour des titres ou des devises. « Comment les Bourses ont-elles pu depuis vingt ans garantir aux investisseurs des rendements moyens aussi élevés ? » , s’interroge-t-il. D’où le développement démentiel des subprimes.
Madoff aurait finalement pris plus de risques en promettant la Lune, et son escroquerie aurait pu continuer et passer inaperçue s’il n’y avait eu le krach boursier. Rien n’empêche un système financier totalement libéralisé de recommencer avec un autre Madoff…