Spéculation dangereuse
dans l’hebdo N° 1029 Acheter ce numéro
En même temps que les marques de commerce équitable souffrent de la crise économique, elles ont à gérer les déséquilibres avec les partenaires du Sud provoqués par les turbulences sur le marché des matières premières. Le cours du café, du cacao et du sucre est très volatil et dépasse souvent le prix garanti par FLO international, organisme de contrôle et d’application des principes du commerce équitable pour le compte de Max Havelaar en France. Du coup, le prix FLO se cale sur le cours de la Bourse, majoré de la prime de développement.
Cette remontée mécanique du prix améliore le revenu des producteurs, mais la volatilité des cours met à l’épreuve les coopératives. « Quand le cours du café est à 50 dollars, le commerce équitable paye 120 dollars. Les coopératives arrivent à payer plus cher l’agriculteur et peuvent développer des services de formation ou de mutuelle. Mais lorsque le café s’est envolé en début d’année à 170-180 dollars, les coopératives ont souffert, car certains de leurs membres faisaient des coups en vendant au tarif le plus élevé aux commerçants en bord de champ » , explique Christophe Eberhart de la coopérative Ethiquable.
« C’est dans ce contexte de flambée des prix qu’apparaissent les organisations qui ont un vrai projet collectif », estime Tristan Lecomte, PDG d’Alter Eco. Ethiquable ou Alter Eco n’hésitent pas à revaloriser leur prix d’achat au-delà du prix FLO afin de permettre aux coopératives de payer suffisamment le producteur tout en maintenant une marge pour financer les services de la coopérative.
Lobodis n’est pas d’accord avec ce principe de revalorisation en cours de contrat : « Beaucoup de coopératives ne souhaitent plus vendre leur café à prix ferme, mais au prix adossé au cours de la Bourse. C’est très mauvais sur le long terme pour les producteurs car on repart dans des schémas capitalistes classiques », estime Franck Delalande, son directeur.