Une nouvelle fédération à gauche

Les Communistes unitaires, les Alternatifs, les Collectifs antilibéraux et la gauche des Verts lancent une organisation d’un type nouveau.

Denis Sieffert  • 18 décembre 2008 abonné·es

Ils en parlaient depuis un certain temps déjà. Cette fois, c’est fait : la gauche de transformation sociale et écologiste lance sa fédération. La naissance de la nouvelle structure devait être officialisée mercredi matin, dans un café parisien où s’étaient donné rendez-vous Martine Billard, députée des Verts, animatrice du courant Écologie solidaire ; les Alternatifs, héritiers du PSU ; Gilles Alfonsi, Patrick Braouezec, Pierre Zarka pour les Communistes unitaires ; Yves Salesse, Pierre Cours-Salies pour les Collectifs antilibéraux ; la militante féministe Clémentine Autain ; les amis de l’ancien ministre communiste Marcel Rigout, et quelques autres, dont les altermondialistes de « Mai » et les Alter Ekolos, de Francine Bavay, qui ont pris leur décision lundi après une consultation interne… L’énumération suffit à suggérer que nous avons affaire à une initiative originale par sa diversité et son pluralisme entre militants issus d’une tradition productiviste et des écologistes antiproductivistes. Mais ces clivages ne sont plus d’actualité depuis longtemps déjà, tant les Communistes unitaires ont intégré le paradigme écologiste.

Illustration - Une nouvelle fédération à gauche


Conférence de presse de La Fédération, le 17 décembre, dans un café des Halles. De droite à gauche: Jean-Jacques Boislaroussie (Alternatifs), Yves Salesse (Cual), Martine Billard (AlterEkolo), Patrick Charles (ADS), Gilles Alfonsi (ACU), Joe Rabie (MAI).

La nouvelle fédération s’adresse donc à toutes les forces politiques de la gauche non socialiste. Mais elle s’adresse aussi aux « citoyens » n’appartenant à aucun mouvement, ni à aucune organisation. Elle se veut « ouverte » , et en devenir, prête à accueillir, selon l’expression de Gilles Alfonsi, des « histoires et des cultures différentes » . Ses initiateurs se revendiquent aussi bien du mouvement ouvrier, de la marche des Beurs de 1983, des grandes grèves dans les services publics de l’hiver 1995, de l’altermondialisme, que du « non » au référendum de 2005.
Ils soulignent que leur fédération « n’est pas un parti » . Structure transversale, elle permet la double appartenance. Martine Billard et Francine Bavay, notamment, sont toujours membres des Verts, et les Communistes unitaires, qui apportent dans la corbeille de mariage des effectifs non négligeables, restent pour la plupart au sein du Parti communiste. Beaucoup ont d’ailleurs mené bataille derrière Marie-Pierre Vieu lors du congrès. Des communistes qui n’appartiennent pas au courant « unitaire » pourraient également faire le choix d’une double appartenance. Enfin, des militants du courant Utopia restés au Parti socialiste, pendant que d’autres adhéraient au Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, pourraient rejoindre la jeune fédération. Au total, c’est, du côté écolo, la plupart des protagonistes de la réunion de Miremont, du mois d’août dernier, qui devraient se retrouver là.
L’entreprise est à la fois audacieuse et passionnante. Audacieuse, en ce qu’elle fait le pari d’exister dans un univers encore structuré par des partis aux formes plus traditionnelles – les « fédérés » souhaitent aussi faire porter leur réflexion sur les formes d’organisation les mieux adaptées à notre époque –, et passionnante, parce qu’elle poursuit un travail de convergence entre des cultures politiques différentes. En cela, elle s’inscrit pleinement dans l’esprit de l’Appel de Politis . Un peu plus d’un mois avant le premier congrès du Nouveau Parti anticapitaliste, et trois semaines après le lancement du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, l’espace politique de la gauche sociale et écologiste s’enrichit d’une nouvelle création.

Politique
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