Encore combien de morts ?
Mardi, les discussions se poursuivaient au Caire pour parvenir à un cessez-le-feu. Mais la pression portait surtout sur le Hamas.
dans l’hebdo N° 1035 Acheter ce numéro
Un haut responsable égyptien, impliqué dans les discussions qui se poursuivaient au Caire, a dit espérer « que puisse être stoppée la machine de guerre israélienne d’ici la fin de la semaine » . Cette déclaration faite mardi laissait craindre le pire. Après neuf cents morts, Israël disposerait de quatre ou cinq jours supplémentaires pour aggraver le massacre dans une proportion effroyable. Alors même que des ONG comme Human Rights Watch dénonçaient l’usage de bombes au phosphore par l’armée israélienne [^2], ce délai clamé comme une « bonne nouvelle » témoignait une nouvelle fois de l’indifférence de la communauté internationale. On se demande où est passé le « devoir d’ingérence » cher à Bernard Kouchner. Le Quai d’Orsay se contentait de demander mardi l’arrêt des bombardements au phosphore. Comme si chaque nouvelle horreur faisait reculer le niveau d’exigence de la France vis-à-vis d’Israël.
Par ailleurs, on pouvait s’étonner aussi que la pression égyptienne et internationale s’exerce surtout sur le Hamas. L’Égypte déclarait mardi « attendre » un engagement « sans délai » du Hamas en faveur du plan égyptien. Le même négociateur disait avoir perçu « plusieurs signes favorables » de la part d’Israël. Mais pas davantage de réponse ferme. On peut imaginer que si Israël dispose de cinq jours supplémentaires, il finira ensuite par être favorable au plan égyptien. D’autant que le plan égyptien a une configuration pour le moins asymétrique. Il prévoit l’installation d’une force internationale à l’intérieur du territoire palestinien, le long de la frontière égyptienne, pour priver le Hamas d’armes et de munitions. Autant dire que, parallèlement, le désarmement d’Israël n’est pas à l’ordre du jour. Mais, surtout, le Hamas, par la voix de son principal responsable, Ismaïl Haniyeh, demande préalablement « le retrait des forces sionistes » , « l’ouverture des points de passage et la fin du blocus » . La fin du blocus, c’est évidemment la grande question sur laquelle Israël ne s’est pas prononcé, car ce serait mettre un terme à cette situation de colonisation sans colons qui perdure depuis juin 2007, et libérer cette « prison à ciel ouvert » qu’est devenu Gaza. Mais on en n’est pas là. On en est à compter les morts alors que les chars entraient de plus en plus profondément dans Gaza City. Enfin, le plan égyptien prévoyait un autre élément clé qui ne dépend pas seulement du Hamas : la réconciliation interpalestinienne.
[^2]: Un agent toxique qui provoque des brûlures, et endommage le foie, le cœur et les reins.