Quand le social fait école

La première formation à l’économie sociale est mise en place à Montpellier, après quatre ans
d’une conception participative.

Philippe Chibani-Jacquot  • 22 janvier 2009 abonné·es

C’est une première en France. Le 12 mars, une école de l’économie sociale ouvrira ses portes à Montpellier et espère enseigner des pratiques économiques trop souvent ignorées. Elle se nomme École de l’entrepreneuriat en économie sociale et elle doit sa création à ce secteur qui regroupe les associations, mutuelles et coopératives locales dans la chambre régionale de l’économie sociale (Cres) du Languedoc-Roussillon.

Illustration - Quand le social fait école

L’entrepreneuriat en économie sociale s’éloignera de l’orthodoxie
défendue dans les écoles spécialisées. DR

L’école aura pour mission de former des cadres dirigeants et de favoriser la mobilité professionnelle dans un secteur très divers. Surtout, l’enjeu consiste à créer une culture commune à l’ensemble des branches de l’économie sociale. « On se reconnaît tous sous le chapeau économie sociale. Mais, au quotidien, les différentes familles s’ignorent pour en rester aux rencontres de principe. Il est bon de prendre le temps de la mise en réseau, et la formation est un bon moyen pour cela » , espère Bruno Chichignoud, qui fera partie de la première promotion de douze étudiants. Ce délégué régional des Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active (Ceméa), un mouvement d’éducation populaire, côtoiera durant dix-huit mois des porteurs de projet d’entreprise solidaire, des cadres de coopératives ou des administrateurs bénévoles. Un univers qui fait de ces organisations sociales un monde différent de l’orthodoxie économique enseignée dans les écoles spécialisées.

Les cours seront plus participatifs que magistraux, et la production de connaissances viendra des enseignants et des étudiants eux-mêmes. « Depuis des années, nos associations vivent dans un contexte économique et politique qui se durcit, avec des contraintes financières de plus en plus grandes, constate Bruno Chichignoud. Nous devons travailler sur ces contradictions et échanger avec les autres. »
Responsable de l’accompagnement et du développement de Perspectives, une coopérative d’activités et d’emplois à Perpignan, Julie Peyron devrait en assurer la cogérance d’ici à 2011, après le départ en retraite de la directrice, et à cette fin suivra également la formation : « Nous avons connu une forte croissance en passant de 5 à 13 salariés permanents en trois ans et de 50 à 175 entrepreneurs salariés [porteurs de projet qui testent leur activité au sein de la coopérative, ndlr]. *Cette formation nous situe dans une démarche propre au secteur et nous permet de poser les questions de la gouvernance partagée, du pilotage de la croissance… »
*
Autre innovation des plus notables : l’école prendra le statut de société coopérative d’intérêt collectif (scic). Quatre ans de concertation ont été nécessaires avec l’ensemble de l’économie sociale pour aboutir à cette coopérative d’un genre nouveau. D’ici à trois ans, elle espère obtenir la reconnaissance officielle de sa formation, qui débouchera alors sur un diplôme de niveau master.

Temps de lecture : 3 minutes