Israël : les élections de la peur

À cinq jours du scrutin, ce sont les partis de droite et d’extrême droite qui partent favoris pour les législatives israéliennes.

Denis Sieffert  • 5 février 2009 abonné·es

Si le Likoud (droite) de Benyamin Netanyahou est donné vainqueur dans les sondages, à une semaine des législatives, c’est la montée en flèche d’un autre parti qui donne une idée du climat politique actuel en Israël. Israël Beitenou, le parti d’extrême droite d’Avigdor Lieberman, obtiendrait 16 sièges sur les 120 que comprend la Knesset, devançant d’un siège le Parti travailliste d’Ehud Barak.
Avigdot Lieberman est ce personnage ouvertement raciste qui prône un Israël « ethniquement homogène » – pour ne pas dire « ethniquement pur ». Pour cela, il demande le rattachement des zones peuplées d’Arabes, notamment Um el Farm, au sud de la Galilée, à l’Autorité palestinienne, et l’annexion des colonies juives de Cisjordanie par Israël.

Illustration - Israël : les élections de la peur

Benyamin Netanyahou est donné vainqueur dans les sondages.
Guez/AFP

« Un vent de droite souffle sur le pays » , a commenté un chroniqueur de télévision, Shlomo Yerushalmi, qui estime que « l’opération sur Gaza a tué l’élection » en la transformant « en référendum sur le résultat de l’offensive militaire ».

Favori de l’élection, Benyamin Netanyahou a cependant indiqué qu’il préférait, en cas de victoire, former une grande coalition avec le parti de ­centre droit Kadima, de l’actuelle ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni (23 sièges selon les sondages), et le Parti travailliste. C’est donc bien la peur qui conditionne la majorité des électeurs israéliens après le massacre de Gaza, au début de l’année. La propagande anti-palestinienne, qui annonce des attentats suicides en Israël et n’en finit pas d’instrumentaliser la « menace iranienne », piège aujourd’hui toute une population qui ne conçoit son avenir que dans l’hostilité de ses voisins et la guerre.

Au total, Kadima et le Parti travailliste, actuellement dans la coalition au pouvoir, n’ont pas profité de l’opération contre Gaza, dont l’un des objectifs était pourtant de donner des gages à une opinion repliée sur des dogmes sécuritaires. Benyamin Netanyahou est parvenu à accentuer sa critique contre une opération qui n’est pas allée jusqu’au bout et qui devait, selon lui, parvenir à l’éradication militaire du Hamas. Pendant qu’elle est obsédée par les questions sécuritaires, l’opinion est tenue dans l’ignorance d’une autre réalité, véritable ferment du conflit. La colonisation se poursuit.
Selon l’organisation pacifiste israélienne La Paix maintenant, les constructions ont augmenté de 57 % en 2008, et le nombre de colons est passé en un an de 270 000 à 285 000. Cela, sans compter la colonisation de Jérusalem-Est (200 000 Juifs habitent dans la partie arabe de la ville). Cette colonisation est le trait commun de tous les candidats de la droite et du centre, y compris les travaillistes.

Et il y a peu de chances pour que cela change dans les prochaines semaines, faute de pressions internationales. À gauche, Balad et Raam-Taal, les deux partis arabes qui avaient été bannis pour leur opposition à l’opération israélienne contre Gaza, ont finalement été rétablis dans leur droit à se présenter, mercredi dernier, par la Cour suprême. Au total, les partis arabes, qui n’apparaissent pas dans les sondages récents, possèdent dix sièges dans la Knesset sortante.

Monde
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