La réforme, premier bilan

Jean-Claude Renard  • 5 février 2009 abonné·es

Trois semaines sans pub, c’est à la fois long et court. Les téléspectateurs se seraient habitués aux nouveaux horaires (début des programmes à 20 h 35, et non plus après un tunnel de pub, vers 20 h 50). D’après Médiamétrie, les audiences sont restées globalement stables. « Le véritable changement pourrait intervenir après la promulgation de la loi, quand les chaînes privées vont alors couper par deux fois les fictions télé et les films de cinéma. » Vers 21 h 15 et 21 h 45. Coupures pour le moins agaçantes. C’est là que le téléspectateur pourrait réagir. Patrice Duhamel, directeur de France Télévisions, a répondu en ces termes au parterre de professionnels dans un débat sur l’avenir de l’audiovisuel public organisé à Biarritz, à l’occasion du Fipa, par la SACD et la Scam. Dans le casse-pipe ambiant, il était là pour rassurer. À vrai dire, quelle autre position peut-il tenir ? Et d’annoncer que France Télévisions va investir, cette année, dix millions de plus qu’en 2008 dans la production de nouvelles fictions et de documentaires, soit 375 millions d’euros contre 365 l’an écoulé. Les économies prévues ne toucheraient, selon lui, ni l’information ni les œuvres, deux secteurs importants de l’identité du service public. Faudra tout de même réaliser des économies dans une entreprise en déficit. Supprimer des salariés est une solution. Pas un mot là-dessus. Forcément. À la question du fameux « guichet unique », qui verrait France Télévisions opérer une centralisation des commandes de programmes, et donc réduire ses offres selon la personnalité des auteurs et des producteurs, Patrice Duhamel s’est montré pareillement rassurant, sans convaincre : « C’est irréel et non fondé. Quel intérêt aurait le groupe à se priver de la diversité ? »

En attendant, Jack Ralite, également à la table des débats, a rappelé justement qu’une augmentation de la redevance d’une quarantaine d’euros par foyer suffirait à pérenniser le fonctionnement du service public, sans pub, une bonne fois pour toutes. Et mine de rien, entre Sénat et Assemblée, d’une indexation dérisoire à une augmentation ridicule, ça chipote autour de 4 euros. Pour finir, les maigres améliorations apportées par le Sénat à la réforme ont été effacées par la Commission mixte paritaire (députés et sénateurs) de ce mercredi 28 janvier pour revenir en arrière. Ni pub pour RFO ni garde-fou pour la révocation du président de France Télévisions par le chef de l’État. Le fait du prince.

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