L’Afssa sans gêne
dans l’hebdo N° 1040 Acheter ce numéro
La bataille anti-OGM va reprendre de plus belle en France, à la suite du rapport rendu la semaine dernière par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) : il conclut que le maïs OGM Mon810 de Monsanto, dont la culture est sous moratoire en France depuis un an, est sans danger pour la santé. Et précisément : « Aucun élément nouveau
ne remet en cause la sécurité » du Mon810 dans le rapport d’Yvon Le Maho,
datant de juin 2008. En bon scientifique, celui-ci constatait qu’on ne pouvait conclure à l’absence de nocivité sanitaire et environnementale (ni le contraire d’ailleurs), recommandant de s’en tenir
au principe de précaution.
Pas étonnant : les études d’impact sont très majoritairement produites par les firmes semencières elles-mêmes,
et ne sont pas rendues publiques.
Ce qui ne gêne nullement l’Afssa.
Alors que l’expertise officielle se décrédibilise périodiquement, le gouvernement, qui tarde à y remédier,
a pour une fois vivement réagi face au lobby semencier, qui s’empresse de réclamer la levée du moratoire : c’est comme si on se basait sur l’avis d’un dentiste pour soigner une fracture,
résume Chantal Jouanno, nouvelle secrétaire d’État à l’Écologie.
En effet, c’est en raison des sérieux risques de contamination de l’environnement
que la culture du Mon810 a été suspendue, et pas pour des raisons sanitaires.
L’Afssa n’est pas plus troublée par la manœuvre qui a entouré la divulgation de son avis : il a « fuité » dans la presse (le Figaro du 11 février), juste avant le vote des experts de l’Union, lundi dernier, sur la proposition de la Commission européenne de casser le moratoire français (mais aussi grec). Cette pression a finalement échoué dans ses fins, mais le répit ne sera que
de courte durée : à moins que les ministres de l’Environnement de l’Union ne se mettent d’accord (c’est peu probable)
d’ici à juin prochain, le dernier mot reviendra à la Commission : sous peine
de sanction, la France sera alors sommée de lever son moratoire.